PARENT D’ÉLÈVE: Quand l’école désigne ses partenaires, elle prend soin de dissocier les familles des parents. Le terme de parent, renvoie à des partenaires responsables, organisés, à qui l’institution reconnaît une fonction particulière au sein des établissements. L’usage du terme de famille fait davantage référence à une population définie par son absence, ses manques et déficiences. Ainsi généralement, on accueille des parents dans les beaux quartiers, dans les quartiers populaires on accueille les familles : ensemble mal défini d’individus étrangers au monde scolaire, D.Glasman, 1992. Pourtant le même auteur, met en évidence des pratiques de mobilisations parentales dans toutes les catégories sociales y compris les familles défavorisées.
Trop longtemps, le fossé n’a fait que se creuser entre les parents et l’école, plus particulièrement en milieu populaire.C’est un phénomène spécifique à la France, hérité de l’évolution de notre système éducatif et de ses rapports avec les familles. Aujourd’hui, nous sommes au seuil d’une nouvelle période placée sous le signe des parents co éducateurs. Les pouvoirs publics tiennent de plus en plus compte de la volonté manifeste des parents d’être actifs dans la scolarité de leurs enfants.
« Le métier de parent est le plus difficile qui soit. Autant faire son deuil de l’idée de bien faire. Mais il est nécessaire de
vouloir êtré le meilleur", A. Nouari, 1999.
Membres de la communauté éducative, les parents d’élèves ont non seulement la responsabilité de l’éducation de leurs enfants hors situation scolaire, mais aussi ils sont associés de droit à l’orientation et à la mise en oeuvre des actions d’éducation dans les établissements. Les délégués des parents, élus à chaque début d’année scolaire au scrutin de liste, participent aux conseils de classepour le secondaire. Ils n’ont certes pas vocation à définir ou à contrôler les méthodes pédagogiques utilisées par les enseignants; ils sont cependant fondés à veiller au respect des dispositions officielles, tant en matière de programme que d’orientation des études. Les parents d’élèves ont des droits reconnus. Ainsi, avant la réforme de 1959, ce n’est pasl’école qui choisit l’orientation des élèves mais bien les parents en fonction de la filière qu’ils revendiquent pour leurs enfants, même si ce choix reste socialement conditionné. Cependant, en 1963, la carte scolaire est organisée, les nouvelles modalités de l’orientation scolaire et professionnelle limitent la liberté en fonction de choix d’école. En 1968, le conseil d’administration de l’établissement et les conseils de classesont institués dans l’enseignement du second degré. Des représentants des parents d’élèves peuvent participer à ces conseils. Cette mesure sera étendue aux écoles à la suite de la loi de 1989 (conseil d’école). La loi de décentralisation de 1983 conduit à l’instauration, en 1985, de commissions académiques et départementales où siègent des membres des associations de parents. Enfin la loi du 11juillet 1975, (réforme Haby), définissant la communauté scolaire, y inclut les parents d’élèves, ce que confirme et amplifie la loi du la juillet 1989, (réforme Jospin) : ils sont membres de la communauté éducative et étroitement associés au projet d’établissement, des droits nouveaux leur sont accordés pour intervenir dans la procédure d’orientation de leurs enfants.
Le rapport à l’école varie en fonction de l’appartenance sociale des familles. C.Montandon, 1994, définit différents types de rapports à l’école : les attitudes de collaboration où les parents accordent un rôle large à l’école avec une mission éducative étendue et qui en même temps participent aux activités; les attitudes correspondant à un mandat où les parents attribuent un rôle étroit à l’école et participent uniquement dans ce cadre; les attitudes de délégation où les parents se replient et manifestent un désengagement.
L’école fonctionne selon F.Lorcerie, 1994, sur trois modèles concurrents (école républicaine, école en modernisation, et école à la recherche de la démocratisation) qui renvoient aux trois types de relation concurrents entre les parents et l’école. L’acceptation de parent-partenaire varie selon le modèle : le parent peut ainsi devenir et être considéré tour à tour comme auxiliaire, usager ou encore citoyen.
J.c. Pujol et C.Gontier, 1998, se sont intéressés aux représentations de l’école chez les parents en fonction du degré de leur implication. Ils étudient la structure de représentation chez deux groupes de parents et montrent que les parents impliqués ont une représentation de l’école comme « lieu de socialisation complémentaire à la famille, … (elle) permet de découvrir la vie de groupe en dehors de la famille et transmet une sorte de compétence sociale, l’école doit faire épanouir l’individu par l’acquisition d’aptitude à pouvoir faire face aux différents combats propres à la vie : c’est l’apprentissage de la vie d’homme", contrairement aux
parents peu impliqués qui voient en l’école un bastion du savoir et des valeurs.
Les temps sont durs pour les parents, l’école est compliquée à comprendre, la communication avec les enfants est difficile, le phénomène de recomposition familiale ne fait rien pour arranger les problèmes de statut et de légitimité rencontrés par les parents. Faut-il parler de malentendu entre l’école et les familles ? Tout se passe comme si la co-responsabilité éducative de l’école et des familles se traduisait le plus souvent par un rejet des responsabilités sur l’autre partie que par une recherche commune de solutions, D.Gayet et alii, 1999. L’efficacité des relations écoles-familles suppose que l’on puisse s’interroger sur la façon dont les adultes peuvent collaborer à la réussite des enfants.
Les parents sont à la recherche du meilleur chemin pour leur enfant et ont pour rôle de l’accompagner dans la construction de son projet d’avenir. Mais à une voie qui lui correspond le mieux se substitue parfois inconsciemment « un meilleur chemin que moi" par référence à ce que je n’ai pas su, voulu ou pu faire ou « un meilleur chemin que les autres" en suivant la « voie royale », (scientifique) supposée ouvrir toutes les portes, (Encyclopédiede la vie de famille, 2004, Éditions de la Martinière).
Selon une étude de l’INSEE (Économie et Statistique, mars 2007), les parents s’investiraient moins dans la scolarité des filles que dans celle des garçons, notamment pour la participation au choix des options et orientations : au niveau de leur orientation, les filles effectueraient plus fréquemment des démarches de recherche seules (parce que supposées plus autonomes) que les garçons, plus souvent pris en charge par leurs parents. Cette moindre implication des parents dans la scolarité des filles pourrait expliquer leurs choix d’orientation. Laissées plus libres, les filles manqueraient d’information ou sous-évalueraient leurs capacités, faisant des choix moins « rentables». Les garçons bénéficieraient quant à eux davantage de l’expertise des parents sur le marché du travail.
~ Éducation; Élève en difficulté; Famille; Marché du travail; Parentalité; Système éducatif; …