VALEUR
Au sein d’une même société coexiste une multiplicité de valeurs qui sont comme des variables psychologiques, sujettes au changement et étroitement liées aux choix professionnels, économiques, aux phénomènes de mobilité sociale, de déviance, etc.
« Ces valeurs peuvent être définies comme des systèmes d’évaluation sociale qui résultent d’une interaction dynamique entre l’individu et la société (…) les valeurs peuvent être considérées comme normes culturelles du jugement social », Fischer, 1990.
Pour B.Schwartz, 1994, « les valeurs (des buts d’importance variable, servant de principes qui guident la vie) traduisent trois nécessités universelles : satisfaire les besoins biologiques des individus, permettre l’interaction sociale et assurer le bon fonctionnement et la survie des groupes ».
Les valeurs reconnues constituent des modes d’affirmation de soi dans ses rapports à soi-même, au monde et aux autres. Les valeurs, comme figures du désirable, sont aussi des figures de ce qui peut être désiré.
Les valeurs peuvent être interprétées comme des préférences pour des styles de vie, comme des hypothèses sur la nature du monde et sur la place de l’homme dans celui-ci, sur les buts et finalités de la vie (valeurs terminales) mais aussi sur les modes de conduites susceptibles de se traduire en intérêts ou en attitudes souhaitées (valeurs instrumentales), Rokeach, 1973. comprises comme des modes d’être et d’agir, les valeurs peuvent s’appliquer à des secteurs d’activités : travail, loisirs, éducation.
La question des valeurs est au centre de l’action pédagogique, C.Xypas, 1996. Autrefois, il pouvait paraître facile d’éduquer dans une société dominée par la foi judéo-chrétienne. Il n’en va plus de même au temps de la sécularisation, où l’éclatement de l’univers des valeurs fait de celles-ci des attributs spécifiques et particuliers de la personne.
L’histoire de la pédagogie témoigne en faveur d’une hiérarchie des valeurs : valeurs de la liberté (Neil A-S) ; de l’égalité (programme québécois ou pédagogie japonaise) ; de la fraternité (Korczak J.) ; de la démocratie (Dewey J.) etc. Pour Houssaye, 1992, le monde scolaire contemporain fait des choix implicites : l’approche cognitive, les contenus de programmes, les méthodes pédagogiques, l’orientation vers un modèle unique de réussite sont inséparables d’un certain nombre de valeurs plus ou moins avouables : « L’école refuse les valeurs, en particulier les valeurs des jeunes, celles de la famille et plus précisément celles de certaines familles. Ce rejet a pour fonction de lui permettre d’affirmer et d’imposer son propre système de valeurs dont la caractéristique essentielle est l’étroitesse ». Un système de valeurs, c’est-à -dire un ordre normatif relevant d’options philosophico-éthico-politiques est désigné sous le terme d’axiologie.« Une société démocratique se reconnaît d’abord à ceci qu’elle n’est pas vouée à une valeur mais à plusieurs qui peuvent être ou paraître incomptatibles »,
Olivier Reboul, 1990.