A Toulouse, l’université Jean-Jaurès et Sciences Po lancent un nouveau diplôme universitaire « Politique, Religion, Laïcité » en janvier 2016. Corinne Bonnet, professeur d’histoire ancienne, co-pilote ce D.U.
Pourquoi avez-vous mis en place ce nouveau diplôme universitaire ?
Ce n’est pas directement lié, comme on pourrait le penser, aux attentats parisiens survenus en janvier 2015. Le projet est né il y a trois ans, avec l’objectif de fournir une formation complète et pluridisciplinaire autour du fait religieux, de la cohabitation des différentes confessions religieuses et des pratiques de laïcité au sein de l’espace public. Il y a, d’une part, une visée pratique : aider les professionnels à gérer le pluralisme religieux, comme par exemple les menus à la cantine, les questions d’élèves en classe, les livres à conseiller lorsqu’on travaille dans une bibliothèque… D’autre part, il s’agit de transmettre un bagage culturel suffisant pour comprendre les religions et la laïcité.
A qui s’adresse ce diplôme ?
Il se positionne en priorité sur la formation continue : il sera ouvert aux personnels de l’Education nationale mais aussi à l’ensemble de la Fonction publique, aux associations et aussi aux responsables des ressources humaines. Nous accueillerons également 20% de personnes en formation initiale : des étudiants titulaires d’un master métiers de l’enseignement, d’Histoire, de sciences politiques, de sociologie ou même d’un CAPES, voire de l’agrégation. Dans un premier temps, 25 personnes pourront suivre ce D.U. chaque année. Nous voulons favoriser le partage d’expérience.
Comment se déroulera la formation et quels seront les contenus ?
Il s’agit d’un D.U. prévu normalement pour se dérouler sur une année mais qui pourra être suivi sur deux ans, avec trois modules de 26h chacun lors de chaque semestre. Il sera aussi possible de prendre « à la carte » un module, avec des droits d’inscription modulés en conséquence. Les modules portent majoritairement sur les enseignements universitaires (Histoire, politique, droit, sociologie, anthropologie…) mais lors de chaque semestre un 3e module sera axé sur des questions plus pratiques.
A partir de la rentrée prochaine, l’enseignement moral et civique (EMC) sera mis en œuvre de l’école élémentaire à la terminale : les enseignants vous paraissent-ils bien formés pour assurer cet enseignement ?
Nous sommes en relation avec l’ESPE de Toulouse Midi Pyrénées. Elle étudie la manière de former le mieux possible les candidats aux concours enseignants sur ces domaines. Nous disposons avec ce D.U. des pré-requis scientifiques et de l’expérience pédagogique suffisante. Une des solutions serait de mutualiser certains modules du D.U. En tant qu’enseignante, je constate qu’il existe un intérêt des étudiants vis-à-vis des religions et de la morale laïque mais force est de constater que le déficit de connaissances est colossal sur ces sujets.