Le transfert désigne, en psychanalyse, le processus par lequel des fantasmes inconscients s’actualisent au cours de la cure et s’extériorisent dans la relation avec le thérapeute. Ce processus est bi-univoque, dans le sens où l’on parle et de contre-transfert.
Selon D.Lagache, 1996, le transfert « est habituellement défini par la répétition, vis-Ã -vis de l’analyse, d’attitudes émotionnelles, inconscientes, amicales, hostiles ou ambivalentes, que le patient a établies dans son enfance, au contact de ses parents et des personnes de son entourage. »
Un transfert d’apprentissage désigne le mécanisme permettant l’opérationnalisation dans une situation donnée de situations. « Ce que nous appelons « transfert d’apprentissage » ne pourrait être finalement qu’un jugement de valeur sur la disponibilité, le degré de généralité ou l’accessibilité des connaissances déjà encodées en mémoire à long terme…
La vraie question du transfert pourrait être celle de l’adéquation entre, d’une part, la qualité et le contenu des connaissances enseignées et, d’autre part, les contraintes des différents domaines où elle sont susceptibles de s’appliquer…Du coup, la problématique du « transfert de connaissances » se réduit à celle, bien plus triviale, mais tout aussi difficile, de l’adéquation des connaissances enseignées avec les situations dans lesquelles on est amené à les utiliser », Mendelsohn, 1996.
« Les travaux didactiques sur les conceptions renouvellent la question des apprentissages. Des individus qui ont atteint des niveaux très développés d’abstraction peuvent fonctionner comme des enfants sur des contenus spécifiques. L’éducation ne peut plus viser l’acquisition de connaissances (contenus et modes de raisonnement) sans s’intéresser à leur champ de signification, aux cadres et pratiques de références et à leur mobilisation par l’apprenant à l’école et hors de l’école », A Giordan et alii, 1994.
La question du transfert en éducabilité est à l’heure actuelle en débat. Les résultats apparaissent contradictoires: certains travaux concluant qu’aucun transfert n’a lieu alors que d’autres affirment le contraire. Une certaine prudence est donc de mise, P.Higelé, 1998, car le transfert des connaissances reste un objet énigmatique, P.Meirieu, 1998.
Le transfert est une question épistémologique dès lors que l’on se pose le problème de l’articulation entre la recherche fondamentale ou appliquée et la demande des acteurs sociaux. On parle de transfert externe pour souligner le mouvement de capillarité de la science vers un domaine quelconque de la vie sociale; et de transfert interne dans la mise en œuvre de projets scientifiques à visée transdisciplinaire.
Les opérations de transfert peuvent être facilitées par une réflexion sur l’évolution d’une société post-industrielle, ses crises, ses mutations, ses valeurs (transfert de technologie). Elles supposent généralement une instance de traduction tant du point de vue de la compréhension générale, que du point de vue de l’aide à la prise de décision dans des contextes d’intervention donnés. Dans l’articulation entre le monde savant et le monde pratique, n’est-on pas en train de passer de la notion de transfert à celle de « circulation des savoirs » en créant des « espaces d’intéressements » entre les différentes composantes de la chaîne des savoirs?