In Tribune de Genève – le 11 juin 2014 :
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Georges Schürch a été directeur général du Cycle d’orientation pendant plus de dix ans.
Il y a tout juste cinquante ans, en juin 1964, le Grand Conseil validait la création du Cycle d’orientation (CO). Ce système réunissait pour la première fois les filles et les garçons issus de toutes les classes sociales dans une école unique. On dit de lui qu’il a démocratisé l’accès aux études. Georges Schürch a assisté à la naissance du Cycle et à son évolution, en tant que directeur du CO des Colombières à Versoix puis à la tête de la Direction générale de Cycle d’orientation de 1997 à 2011. Il revient sur ces cinquante ans.
Comment est né le Cycle ?
L’idée date des années 1920 déjà. Il y a eu plusieurs tentatives pour instaurer ce modèle mais la population n’était pas prête. Jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la société était basée sur une pyramide des connaissances, seule une élite accédait au niveau tertiaire. Pour simplifier tout cela, mais surtout pour démocratiser l’accès aux études, Alfred Borel, radical en charge du Département de l’instruction publique (DIP), remet sur le tapis le projet d’un cycle à la fin des années 1950. Son successeur socialiste André Chavanne, élu en 1961, va le concrétiser: le 19 juin 1964, le Grand Conseil vote à l’unanimité — c’est exceptionnel — l’instauration du Cycle d’orientation.
Le cycle a connu bien des ajustements. A peine né, il a déjà deux structures différentes !
Le premier changement intervient en 1969 avec l’introduction d’une cinquième section, la moderne, qui propose l’anglais. Deux ans plus tard, trois établissements — Bois-Caran, Budé et les Coudriers — instaurent le système d’hétérogénéité: la première classe du cycle devient un tronc commun sans sections. Ils feront figure d’exceptions.
Il faudra attendre 2011 pour avoir un CO unifié et remanié: on réintroduit notamment les sections. Un retour en arrière?
L’histoire se répète mais avec des améliorations. Les sections sont cette fois accompagnées d’un système de passerelles qui permet à l’élève de passer d’un regroupement à l’autre en cours d’année. Le nouveau cycle remet l’accent sur l’orientation, à l’entrée et pendant le cursus. Autre particularité: ce modèle a été avalisé par le peuple, en 2009, contrairement aux autres modifications du CO.
La société a évolué, comment ces changements se traduisent-ils à l’école?
L’arrivée de nombreux élèves non-francophones a été un grand défi. L’école l’a relevé et est devenue un formidable facteur d’intégration. Le rôle des enseignants et directeurs a également évolué, je pense que leur tâche est aujourd’hui plus délicate. Le cloisonnement adulte-enfant s’est estompé, l’autorité du corps enseignant n’est plus automatique, elle ne dépend plus d’un règlement mais repose sur des compétences. Il faut sans cesse démontrer et justifier les décisions.