In L’Expresso – le Café Pédagogique – le 17 février 2014 :
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Qui doit piloter les PEDT ? Comment mettre en place ces programmes ? Sur quel territoire ? Comment veiller à ce que les PEDT n’accroissent pas les inégalités ? Voici quelques unes des questions que la journée d’étude organisée par l’association Prisme ( Promotion des initiatives sociales en milieux éducatifs) le 12 février au CNAM a soulevées.
L’association PRISME a organisé le mercredi 12 février au CNAM une journée d’étude sur la question des PEDT ( Projet éducatif territorial) . Cette journée partait de la définition du PEDT « porté » par l’association PRISME : « Le projet éducatif territorial comprend l’ensemble des actions qui contribue à assurer la réussite de tous les enfants et les jeunes, à organiser la continuité éducative entre le temps scolaire et les autres temps de l’enfant, à associer les parents et plus largement la communauté éducative à l’atteinte de ses objectifs. Il permet de coordonner les actions pédagogiques organisées dans le cadre du projet d’école avec les initiatives des collectivités territoriales et les propositions des associations dont celles de l’éducation populaire. Il organise et valorise leur complémentarité au service de la cohérence et de la continuité éducative à l’échelle territoriale. »
Il s’agissait à travers les regards portés sur les questions dites de gouvernance, de pilotage, des interactions entre dispositifs, de s’interroger sur les nouvelles formes de "coopérations-constructions" éducatives, sociales, pédagogiques, professionnelles, administratives… numériques, à promouvoir au sein, notamment, des communes.
Les trois tables rondes de la journée réunissant des responsables éducation de différentes communes, communautés de communes ou départements, des élus, des militants associatifs et des représentants de différents corps d’inspection de l’éducation nationale (IEN, IGEN) ont été l’occasion d’évoquer les différents questionnements liés au PEDT comme à la mise en place des activités éducatives liées à la refonte des rythmes scolaires.
Des questions ont notamment été évoquées :
– Le problème de la gouvernance de projets cohérents impliquant différents partenaires. Quel « chef d’orchestre » pour mettre en musique des postures professionnelles diverses au service des jeunes ? Quels sont les constituants éducatifs qui relèvent des territoires ? Quels sont les recouvrements ? Les différences ? Les fonctions qui se superposent ? – Quelles sont les conditions nécessaires (et pas toujours suffisantes) pour que se crée et perdure une dynamique partenariale ? Comment peut-on faire pour dépasser les situations de défiance pour aller vers des rapports de confiance ?
– Qu’est ce qu’un territoire ? Une commune, un agrégat de communes, un quartier de grande ville ou un espace plus large ? Le débat a débouché sur la nécessité d’avoir des territoires « à géométrie variable » pour la diversités des politiques éducatives à mener, cela pour combattre, ce qu’on voit surgir ici ou là, en terme de « préférence communale » pour l’accès à certains équipements culturels.
– Il y aussi des débats sur ce que pouvait signifier des démarches éducatives contribuant à combattre les inégalités. La co-construction peut avoir des effets pervers . Donner le libre choix à des jeunes ou à leurs familles, concernant les activités proposées, notamment dans le cadre de la refonte des rythmes scolaires peut ne pas être du tout égalitaire . Compte tenu des habitus sociaux, si je propose le choix entre un atelier hip-hop et un atelier autour des collections du musée local, je recrée de la discrimination et des inégalités sociales et culturelles et je ne place pas tous les jeunes concernés dans une situation d’élargissement de leur horizon culturel. Comment réguler cela ? Comment réagir quand une collectivité territoriale décide de les rendre payantes ? Ne faut-il pas se poser la question de parcours dans le cadre des activités éducatives, incluant différents types d’activités pour permettre à chacun de pouvoir développer au maximum ses potentialités en s’initiant à tous les possibles ?
Ne faut-il pas un cadre national des valeurs à promouvoir dans de telles activités afin d’éviter un grand écart potentiel entre les valeurs prônées par l’école ( même si elles ne sont pas toujours mises en pratiques) et celles mises en avant par certaines associations intervenantes concernant la laïcité, l’égalité hommes-femmes, le respect de l’autre, le refus du racisme,…. Il suffit d’être sur certains terrains de sport le samedi ou le dimanche lors de matches impliquant des jeunes pour saisir ce problème…
Au total, une journée de questionnements permettant d’évoquer toutes les difficultés d’une gestion locale dans le cadre d’un état qui se devrait d’être régulateur des politiques publiques.
Jean-Louis Auduc