Quel est le rapport des territoires au « socle commun de compétences, de connaissances et de culture », sur tous les temps éducatifs, dans le respect de leurs spécificités ? Comment s’articulent les notions de réussite scolaire et de réussite éducative ? C’est autour de ces questions que se sont organisées les interventions, vendredi 6 février, lors de la première journée de formation et de mutualisation organisée par le Poloc (Observatoire des politiques éducatives locales) sous le titre « Sur tous les temps éducatifs : réussite éducative/réussite scolaire et socle commun ? »
Quelque 70 personnes ont participé à cette journée, dans les locaux de l’Institut français de l’Education (IFE/ENS de Lyon). Des élus, des cadres de collectivités territoriales, des représentants d’associations, de l’Education nationale et même deux directeurs de la cohésion sociale étaient présents. Une assemblée mixte voulue par le Poloc. « Opérateur de mise en réseaux interprofessionnels et scientifiques », l’observatoire entend en effet « participer à la constitution d’une culture commune entre tous les acteurs engagés sur la réussite scolaire et éducative ». Une réussite éducative « qui ne doit pas être pensée comme compensatoire de la réussite scolaire » rappelle Daniel Frandji, l’un des responsable de l’observatoire, citant le ministre Vincent Peillon.
Quelle culture commune ?
A l’aune des interventions et des questions, on peut mesurer le chemin à parcourir pour se mettre d’accord sur cette culture, et surtout la partager sur le terrain. Michel Lussault, sous la casquette de président du Conseil supérieur des programmes, signale des discussions serrées pour établir le fait que les connaissances attendues ne se limitent pas au volet scolaire mais « irriguent l’ensemble des parcours de formation des élèves et structurent le travail des enseignants ET des acteurs éducatifs ».
Le poids des inégalités sociales sur les parcours revient aussi au cours des interventions. Anne Armand, inspectrice générale de l’Education nationale, rappelle la réussite inéluctable « des enfants Camif ». « Et même s’il y a aussi des décrocheurs chez les enfants des cadres de l’Education nationale, ceux-ci savent où chercher des solutions, car ils ont le réseau », lance-t-elle. « Il faut accepter de regarder l’école telle qu’elle est. Il y a des classes totalement ethniques. »
L’Education nationale et le reste du monde
Michel Lussault estime pour sa part que le modèle actuel est « à bout de souffle ». Des constats qui sont soumis à une question affutée : « Comment fait-on pour changer le système dans la mesure où ceux qui le tiennent sont des purs produits de ce système », interroge Paul Bron, ex-adjoint à l’éducation à Grenoble. Ici, il n’y a pas vraiment de réponse.
Certes tout le monde s’accorde pour considérer l’enfant dans tous ses temps avec « un parcours éducatif fondé sur la continuité, la cohérence », comme le dit Michel Cassé, délégué national de la fédération des Francas. Mais la place des acteurs autres que l’Education nationale reste un questionnement. De même que les moyens pratiques d’échanger, de croiser les regards autour de l’enfant. « Comment le Conseil supérieur des programmes se donne-t-il les moyens de faire en sorte que le débat pénètre la société ? » demande un responsable de la Ligue de l’enseignement, présent dans l’assistance. « Est-ce que le socle va inscrire le fait que d’autres professionnels apportent leurs contributions ? » s’interroge un directeur de l’éducation. Michel Cassé ne peut que reconnaître que cela fait bien longtemps qu’on parle de la « globalisation des temps de l’enfant ».
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