RENTREE, LAÏCITE, IMMOBILITE ? – Les revues de presse du CRAP-Cahiers Pédagogiques – le 31 Août 2015
En ce jour de pré-rentrée des enseignants, quoi de neuf ? Rentrée, laïcité et immobilité ? Heureusement, il semble que le changement se fasse, lentement, à la marge, mais il se fait. Alors prêts pour la refondation les enseignants ? Les médias se gardent bien de trop en parler.
Rentrée
Grande nouvelle ! C’est la rentrée des enseignants ! Libération en fait même sa Une en titrant « Profs, le gai savoir ». Voilà qui intrigue…
- Pré-rentrée par Jimo
Gai le savoir ? Le Monde semble penser que la rentrée c’est surtout le retour de l’opposition aux réformes. « Après les polémiques du printemps, sur la réforme du collège autant que sur celle des programmes, l’intersyndicale à l’initiative de la contestation veut relancer le mouvement. « Ce n’était pas un coup de colère épidermique, il est hors de question que cette réforme se mette en place », soutient Frédérique Rolet, la cosecrétaire générale du SNES-FSU, syndicat majoritaire dans le secondaire. Comme prévu en juin, ce réveil doit se faire en deux temps : une grève des professeurs mi-septembre, une journée de manifestation nationale en octobre ». Où l’on constate encore que dans les médias, il vaut mieux s’opposer que proposer…
En voilà une qui a osé rentrer dans un collège et qui le raconte superbement, c’est Louise Tourret sur Slate. Le titre est tout à fait clair « Devenir prof ? Rien de plus simple (c’est après que ça se complique) », ce témoignage qui reste mesuré est un vrai plaidoyer, peut-être involontaire, pour la formation des enseignants. Merci à elle.
Rentrée ou pas rentrée ? Marie-Caroline Missir dans l’Express évoque la grève demandée par le Snalc concernant cette pré-rentrée un 31 août. « Jean-Rémi Girard, l’un des responsables du Snalc ne cache pas le ressort « très corporatiste » de cette grève. « On tient à une certaine durée au niveau des grandes vacances et il y a une limite symbolique qui est celle du mois d’août ».
- Rentrée des profs par Geneviève Brassaud
Le Snalc ne s’attend pas à un mouvement massif, mais prend le risque, en partie par calcul : » On sait bien que ce n’est pas le genre de chose bien reçue par une certaine opinion publique…Mais à un moment pour une organisation syndicale il faut savoir être corporatiste » . Ok. » Chacun ses combats… d’autant que comme le précise Mme Missir « ces revendications sont difficilement audibles dans l’opinion, figeant les enseignants dans des caricatures datées, elles sont au fond peu représentatives du véritable état d’esprit des enseignants. Nombre d’entre eux consacrent un bon tiers de leur vacances à préparer leur année -sans compter les corrections du bac début juillet-, sont eux-mêmes parents d’élève, et ne voient pas de problème à reprendre leur activité le dernier jour du mois d’août. »
Laïcité
L’une des informations c’est Libération qui nous la donne vient des cantinesscolaires. « Le député UDI Yves Jégo réclame des plats alternatifs pour les élèves ne consommant pas de viande. Il se heurte au maire de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, qui avait annoncé en mars la fin du repas de substitution dans sa commune. Si la loi se faisait à coup de pétitions en ligne, cette rentrée scolaire marquerait la franche victoire du menu végétarien. A la veille des rentrées des classes, mardi, la pétition lancée par le député UDI de Seine-et-Marne Yves Jégo, qui veut rendre obligatoire l’alternative végétarienne dans les cantines, pour en finir avec ce sujet « otage de tous les extrémismes », en proposant « une porte de sortie où chacun peut s’y retrouver dignement, sans être stigmatisé » comptabilisait près de 100 000 signatures. » Nous verrons si la laïcité au service de la diversité (du goût notamment) gagne dans la loi.
Cette rentrée est aussi marquée par la naissance rapidede l’Enseignement Moral et civique (EMC) dont Le Monde rappelle qu’il « sera bien au programme de l’année scolaire 2015-2016, au grand dam des syndicats d’enseignants qui avaient demandé au printemps un report d’un an. Cela afin de laisser plus de temps aux enseignants pour prendre en main le nouveau programme, publié en juin au Journal officiel. Mais surtout pour s’y former. La Rue de Grenelle leur a répondu que la « grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République » ne pouvait attendre 2016. »
Sur les mêmes thèmes Libération évoque une « laïcité à marche forcée ».
Immobilité ?
Selon Antoine Prost-20150829-[article]&utm_source=PartageFB&utm_medium=e-mail&utm_campaign=PartageFB] dans Le Télégramme, ce serait au contraire la trop grande alternance politique qui pénaliserait l’éducation. L’« Éducation nationale ne se remettra vraiment en marche que si on lui dit où on va durablement. Il faut que la droite et la gauche se mettent d’accord sur des objectifs. Et que ces objectifs soient reconnus comme pertinents par les enseignants et les parents. »
En parlant de politique, ce matin sur France Inter, reprise par Libération, la ministrerépondait à Alain Juppé concernant les salaires des enseignants que la hausse de 10% des salaires des professeurs de écoles était « l’objet du prochain quinquennat ».
Dans Libération, on donne la parole à 5 enseignantsqui auraient « devancé le mot d’ordre de leur ministre et inventent de nouveaux outils pédagogiques. ». On y lit que « Le plus dur, tous le disent, c’est la résistance au changement de leur institution. Tous déplorent le décalage entre le discours politique » et le manque de soutien sur le terrain.
François Dubet dans Libération aussi reste assez mesuré sur l’ampleur des changements car selon lui, « De loin, l’éducation nationale peut donner l’impression d’être un dinosaure congelé. De près, quand on regarde à l’intérieur des classes, les choses bougent beaucoup. Mais la somme de ces actions individuelles ne peut pas changer le système. ». Pour lui, ce sont ceux qui profitent le plus de l’immobilisme qui l’entretiennent.
La ministre confirme dans l’Expresso du Café Pédagogique qu’ « il y a une prise de conscience chez la majorité des enseignants. Ils voient bien la nécessité de faire évoluer leurs pratiques et sont demandeurs d’outils pour le faire. Je suis confiante. Le changement des pratiques se fait petit à petit, à bas bruit. Les professeurs souvent ne nous attendent pas pour le faire et ce sont même eux qui inspirent nos réformes, typiquement celle du collège, avec cette idée simple à laquelle j’ai toujours cru : dès lors qu’une expérience s’avère vertueuse, pourquoi la réserver aux seuls chanceux élèves du professeur bien inspiré ? La responsabilité des pouvoirs publics ce doit être de la faire passer à l’échelle pour en faire bénéficier tous les élèves et tous les établissements. »
En parlant de ce qui ne change pas, Le Parisien propose un petit quiztrès amusant sur les sigles dont raffole l’Education nationale, je vous conseille d’essayer pour vous préparer à la déferlante.
Emilie Kochert qui laissera sa place demain à Bernard Desclaux
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