Alors que la réforme du collège connaît encore une importante opposition dans le premier niveau du secondaire, au lycée, c’est le temps du bilan pour tenter de faire le point sur la réforme initiée par l’ancien ministre de l’Education nationale, Luc Chatel.
Depuis le lancement de ce bilan, de nombreuses organisation syndicales dénoncent une évaluation trompeuses des conséquences de la réforme. Le ministère de l’Education nationale est accusé de ne pas vouloir entrer dans le fond de ce dossier, la réforme actuelle du collège s’inscrivant pleinement dans la logique de celle du lycée qui l’a précédée de quelques années.
Dans un communiqué, le syndicat enseignant FO a tenu à faire part de sa vision des premiers échanges qui se sont tenus au sein du ministère de l’Education nationale.
« La deuxième réunion de « bilan » sur « parcours, orientation, égalité des chances » s’est tenue le 9 décembre 2015 avec l’ensemble des organisations syndicales et était centrée sur « l’enseignement d’exploration », « l’accompagnement » et la marotte des ministres de l’éducation successifs, la « lutte contre le décrochage ». La ministre refuse de recevoir les organisations syndicales qui demandent l’abrogation de la réforme du collège, et les consulterait sur le lycée ? Qui prétend-elle duper ?
La lutte contre le décrochage : l’arbre qui cache la forêt !
De lutte contre le décrochage, il n’en a point été question. On déclinait plutôt la lutte, au quotidien, des personnels aux prises avec le maelström de la réforme Chatel. La baisse des horaires disciplinaires et des dédoublements nationaux. Voilà une cause de décrochage ! La Seconde dite de détermination ? Une classe hétérogène, avec des effectifs de plus en plus lourds. Voilà une autre cause de décrochage !
Les enseignements d’exploration et l’accompagnement personnalisé : les faits sont têtus, personne n’en veut !
Aucune organisation syndicale n’a défendu, ni les enseignements d’exploration, ni l’AP en l’état. Tout le monde s’accorde à dire que les dispositifs sont peu lisibles pour les élèves et pour les familles. Les enseignements d’exploration : des résultats inégaux en fonction des moyens dont disposent les établissements, beaucoup de travail pour les enseignants, peu d’efficacité pour les élèves qui n’en perçoivent pas l’intérêt. Pour le SNPDEN, seules les familles favorisées s’y retrouvent. De l’aveu même de l’inspection générale, l’objectif n’est pas atteint.
En dehors de l’UNSA et du SGEN-CFDT, qui souhaitent l’amélioration du dispositif existant, reconnaissant la difficulté de proposer un accompagnement personnalisé en classe entière, la majorité des organisations syndicales demande le retour aux dédoublements nationaux pour remettre en place une aide individualisée disciplinaire aux élèves.
La réponse de l’IGEN et du ministère : un marché de dupes !
La DGESCO et l’IGEN admettent l’absence de consensus mais proposent des pistes. Mettre en place le socle en Seconde pour la transition école-collège. Jamais le socle et encore moins ses vertus, n’ont été évoquées dans la réunion. Au contraire, il est massivement rejeté au collège ! Autre piste : développer le tutorat pour aider l’élève à comprendre l’intérêt des enseignements d’exploration et de l’accompagnement personnalisé. Accompagner l’accompagnement ?! On marche sur la tête !
Recherche d’un bilan partagé ? En réalité, le ministère sait très bien où il veut aller et emmener les organisations syndicales : vers une aggravation des dispositifs existants ! Cette comédie ne peut continuer. Les collègues ne veulent qu’une chose : qu’on les laisse enseigner leur discipline dans le respect de leur liberté pédagogique et que l’on rétablisse les heures, les dédoublements nationaux et les postes nécessaires pour qu’ils puissent faire leur travail dans de bonnes conditions ! »
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