PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In VousNousIls – le 10 janvier 2014 :

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Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen-CFDT

Frédéric Sève, secré­taire géné­ral du Sgen-CFDT

[…] Alors que le chan­tier de refon­da­tion de l’école se pour­suit en 2014, quels sont les vœux et les pré­oc­cu­pa­tions des ensei­gnants ? Entretien avec Frédéric Sève, secré­taire géné­ral du syn­di­cat Sgen-CFDT.

Faut-il s’attendre à de nou­velles grèves des ensei­gnants en 2014 ?

Il est dif­fi­cile de dire à l’avance s’il y aura besoin ou non de se mettre en grève. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a des sujets de conflits sociaux poten­tiels. Tout repose sur la capa­cité du minis­tère de l’Education natio­nale à écou­ter nos reven­di­ca­tions et à démi­ner en amont les sujets brûlants.

Quelles sont les prin­ci­pales attentes des ensei­gnants du pre­mier degré ?

Il est fon­da­men­tal que le pre­mier et le second degré soient trai­tés sur un pied d’égalité. C’est un motif pro­fond de res­sen­ti­ment. En ce qui concerne la rému­né­ra­tion, sur le papier il n’y a pas de dif­fé­rence entre un pro­fes­seur des écoles et un pro­fes­seur cer­ti­fié au col­lège. Les diver­gences appa­raissent lorsque l’on regarde de plus près, en l’occurrence les primes. Pour être pré­cis, l’Indemnité de suivi et d’orientation des élèves (ISOE) accordée aux ensei­gnants du secon­daire s’élève à envi­ron 1200 euros par an, alors que le mon­tant de l’Indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves (ISAE) attri­buée aux pro­fes­seurs des écoles s’élève à 400 euros par an. Le minis­tère s’est engagé à aug­men­ter l’ISAE mais pour le moment l’écart de trai­te­ment per­siste. Par ailleurs, dans le déroulé des car­rières, la pro­ba­bi­lité d’atteindre l’échelon hors classe est en défa­veur des ensei­gnants du pre­mier degré. Il y a aussi une demande de consi­dé­ra­tion des pro­fes­seurs des écoles : ils veulent être davan­tage asso­ciés aux prises de déci­sion. La solu­tion serait de créer struc­ture juri­dique du pre­mier degré, c’est-à-dire une vraie auto­no­mie de l’école, au sens du col­lec­tif de travail.

Et dans le second degré ?

Il existe de nom­breux pro­blèmes de fonc­tion­ne­ment péda­go­gique. Une réforme du col­lège et du lycée reste à mettre en place. La fina­lité des ensei­gne­ments doit être expli­ci­tée et les objec­tifs redé­fi­nis. Il faut sor­tir de la dic­ta­ture des pro­grammes sco­laires que l’on n’arrive jamais à bou­cler. Il s’agit de redon­ner du sens au tra­vail des ensei­gnants, les remettre dans une pers­pec­tive plus posi­tive que de devoir sim­ple­ment ter­mi­ner le pro­gramme. Idem pour les lycées : les col­lègues ont besoin d’une fina­lité plus grande que le bac­ca­lau­réat. La liai­son avec le supé­rieur reste à construire. Les ensei­gnants ont aussi besoin d’avoir une plus grande maî­trise du fonc­tion­ne­ment de leur établis­se­ment, avec plus de démo­cra­tie interne. Concrètement, cela passe par une recon­nais­sance sup­plé­men­taire pour les per­sonnes qui s’impliquent au-delà de leurs heures d’enseignement. Sinon, cela revient à exploi­ter le per­son­nel et comp­ter sur le bénévolat.

La fronde contre la réforme des rythmes sco­laires est-elle ter­mi­née, sachant que seules 20% à 25% des écoles envi­ron sont reve­nues à la semaine de 4,5 jours ?

Le syn­di­cat SNUipp a lancé deux appels à la grève en décembre. Ni l’une ni l’autre n’ont mobi­lisé les foules. A mon avis, l’objet de la grogne n’était pas le bon. La mise en place de la réforme des rythmes sco­laires se heurte à des pro­blèmes locaux, comme le par­tage des salles de classe, qui cris­tal­lisent les mécon­ten­te­ments. Les dif­fi­cul­tés ne se règle­ront pas en réécri­vant le décret mais par l’organisation loca­le­ment d’un dia­logue social. Or aujourd’hui on ne dis­cute que du report ! Il est évident qu’il y aura des dif­fi­cul­tés en sep­tembre 2014, mais cela ne sert à rien de repous­ser l’échéance de la mise en place d’une réforme dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle est nécessaire.

Quels chan­ge­ments attendez-vous en faveur de l’éducation prioritaire ?

Une recon­nais­sance de la spé­ci­fi­cité de l’éducation prio­ri­taire est néces­saire. Il ne s’agit pas de faire du sau­pou­drage. Les nou­veaux moyens annon­cés vont dans le bon sens. Le sys­tème des pon­dé­ra­tions du temps de ser­vice a été acté fin 2013 pour l’éducation prio­ri­taire. Désormais, il faut aller plus loin en recon­nais­sant clai­re­ment la spé­ci­fi­cité du tra­vail en ZEP et en per­met­tant aux ensei­gnants d’y tra­vailler différemment. […]

Charles CENTOFANTI

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