Une fiche de la contribution du Sgen-CFDT à la refondation de l’École :
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Le développement d’outils numériques de communication collaboratifs, de réseaux sociaux, bouscule le fonctionnement injonctif, vertical et individuel du système éducatif. Pour avoir un avenir, le système éducatif doit s’appuyer sur le numérique pour miser sur les ressources humaines, lever les obstacles institutionnels et techniques, et inscrire l’utilisation de cet outil au service de l’acquisition des connaissances et compétences pour la réussite de tous.
Miser sur les ressources humaines, en respectant les personnels :
- Dans la formation initiale : pour valoriser le travail collaboratif, la formation et le concours de recrutement doivent prioriser « la contribution individuelle à une production ou à un projet collectif au sein d’équipes disciplinaires, inter-disciplinaires, transversales ou éducatives » (compétence B1.2 du C2i2e).
- En formation continue, la formation à l’usage du numérique collaboratif doit s’inscrire dans les formations pédagogiques. La part d’auto-formation ou de co-formation via les réseaux est à encourager. Cette formation « permanente » indispensable au métier doit être incluse dans le temps de travail. (Le modèle du 70-20-10 : 70 % via le travail et l’expérience, 20 % par la communication entre pairs, 10 % par la formation « formelle », c’est la recette de la formation selon Princetown University).
- La formation à distance doit être reconnue comme formation intégrée au temps de travail. Une place doit aussi être donnée aux formations collectives pour permettre à des équipes un usage coordonné et cohérent des outils dont elles disposent. Cette formation doit avoir lieu sur site et être élaborée à partir du projet des équipes.
- La mise à disposition de ressources didactiques et pédagogiques doit être rendue possible via des plates-formes dont le contenu pourrait être validé par les pairs accompagnés par les corps d’inspection.
- Le développement du travail collaboratif doit modifier les conditions d’évaluation des enseignants pour tenir compte de ce travail collectif ; le pilotage du travail collaboratif doit être une mission essentielle des corps d’inspection.
Lever l’obstacle technique en s’appuyant sur le dialogue social :
- La gestion des carrières et l’information institutionnelle passent maintenant par le numérique. L’État employeur doit au minimum assurer l’accès individuel à l’équipement des personnels ainsi que l’accès aux réseaux internet.
- Le choix des équipements issus des collectivités territoriales doit revenir aux acteurs, après réflexion et concertation sur les usages et les besoins exprimés par les conseils d’écoles ou conseils pédagogiques.
- La répartition des équipements doit également faire l’objet d’une concertation approfondie en fonction des enjeux pédagogiques à privilégier. La priorité doit être donnée à la mise en réseau et l’accès à un débit rapide et performant. L’accès social au numérique pour toutes les familles doit être garanti.
- La maintenance doit être assurée par des personnels qualifiés et reconnus. Les collectivités locales disposent du cadre réglementaire pour créer ces emplois, avec l’aide de l’État qui doit être garant de l’équité territoriale indispensable au déploiement du service public.
Le numérique comme vecteur pédagogique au service d’’une démarche d’acquisition de connaissances et de compétences.
- Les collectivités locales et État doivent sortir du blocage stérile qui les opposent sur l’équipement et la maintenance. Cela permettra enfin de libérer les Atice et PRI des problèmes techniques pour en faire des ingénieurs du travail collaboratif, c’est-à-dire les responsables du développement du travail collaboratif pour les enseignants et pour les élèves.
- Les espaces numériques de travail doivent répondre à un cahier des charges élaboré et validé par un dialogue approfondi avec les acteurs et les usagers. Leur ergonomie doit faciliter la saisie, permettre les modifications liées aux organisations pédagogiques décidées dans les écoles et les établissements.
- L’émergence des outils numériques mobiles (smartphones, tablettes…) modifiera l’organisation des temps pédagogiques. Les élèves se verront proposer des activités variées, individuelles ou collectives de découverte, d’expérimentation, d’appropriation, d’évaluation, de remédiation…
- Ces outils rendent obsolètes les installations lourdes type classe pupitre ou salle de travaux pratiques informatiques. Ils permettent d’envisager les architectures et des organisations plus souples avec des emplois du temps et des regroupements qui varient selon les situations pédagogiques.
- Il est déjà possible, en couplant ces matériels avec les outils du web2.0, d’organiser la classe en petits groupes qui collaborent et échangent entre eux ou avec une autre classe… Cela implique de faire évoluer la notion d’évaluation, en mettant les compétences des piliers 6 et 7 (autonomie, initiative, travail en équipe) au service de l’acquisition des connaissances et compétences des autres piliers.
- Cela implique aussi de faire évoluer le contrat entre élèves et enseignants, mais c’est précisément en expérimentant ces nouvelles formes qu’on pourra évaluer comment il est possible de sortir du modèle de la classe au mieux dédoublée de temps à autre.
- Cela implique aussi de rendre la main aux enseignants sur les accès web. Par exemple, le filtrage a priori des sites de réseaux sociaux (facebook, twitter, youtube) est anti-pédagogique.