In Sciences Humaines – Mensuel N° 256 – février 2014 :
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À la rentrée scolaire, les parents s’inquiètent du nom du professeur principal ou de celui du professeur de maths… Les élèves, eux, se soucient plutôt de savoir s’ils seront dans la même classe que leurs copains de l’année précédente. Cette question, qui se pose à chaque changement de cycle et d’établissement est, selon la thèse d’un jeune économiste, Son Thierry Ly, très légitime. Durant quatre ans, il a observé les trajectoires de 28 000 collégiens, notamment leur transition entre le collège et le lycée. En moyenne, 20 % des élèves d’un même collège se retrouvent à la rentrée de seconde dans le même lycée et seulement 5 % dans la même classe. Or, montrent les chercheurs, se retrouver en classe avec ses anciens camarades est positif pour la réussite scolaire : chaque ancien copain dans la classe diminue d’environ un point le risque de redoubler son année. Ce constat est valable même lorsque les pairs sont de simples connaissances (pas forcément des amis proches). L’effet s’observe pour les filles comme pour les garçons. Il est plus fort encore pour les élèves les plus fragiles au niveau scolaire et/ou social, pour lesquels il est donc particulièrement important de retrouver des têtes connues. ?
En France, la façon de constituer les classes est rarement considérée comme un élément de la réussite éducative, si ce n’est parfois pour séparer des élèves jugés perturbateurs. Cette recherche montre au contraire combien il pourrait être pertinent de réfléchir en termes de regroupement : en rassemblant les élèves qui se connaissent déjà, notamment les plus vulnérables, on pourrait améliorer sensiblement la réussite scolaire et l’égalité des chances, sans coût supplémentaire. Si ces résultats valaient également pour les autres transitions dans le système scolaire, passage au CP et entrée en sixième, ce serait incontestablement un levier prometteur d’amélioration du système.