PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

L’émigration est une aventure, et aujourd’hui une aventure bien périlleuse. Une aventure pourtant suffisamment porteuse d’espérance pour qu’on n’hésite pas à y sacrifier ses maigres ressources, voire à y risquer sa vie. Il fut un temps où notre pays avait une position très claire : position d’accueil, pourvu que l’« accueilli(e) » se soumette aux impératifs de notre République, éclairés par la laïcité.

Notre modèle républicain d’intégration – mais n’était-ce pas plutôt de l’assimilation ? – donnait à vivre, sans rien changer aux habitudes dominantes de notre société. Cela a duré tant que ces émigrés représentaient une minorité, à laquelle nous ne voulions pas consacrer trop d’attention. Ces conditions ont changé, notre pays est devenu le sol d’une société multiculturelle et multiconfessionnelle, et cette « assimilation » simpliste n’est plus vivable.

Ces émigrés ont perdu leurs habitudes, leurs repères, leur mode de vie. Ils ont connu majoritairement des sociétés peu démocratiques autoritaires ou sans état de droit, souvent théocratiques, sans la culture permettant de s’en distancier. Ils amènent des vies d’expédients, permises par des solidarités familiales ou claniques qu’ils doivent défaire. La France qui les accueille – idéalisée comme riche et permissive – ne dispose pourtant ni d’une politique claire à leur égard ni des moyens qui permettraient de transformer leur exil en réussite.

Confrontés à un double échec ; celui de leur identité malmenée, celui de leur intégration souvent ratée, ils se rebiffent, utilisant parfois des moyens illégaux qui les stigmatisent aux yeux de ceux qui ont leur place, et revendiquent de plus en plus une reconnaissance réelle de leur dignité d’être humain. À part quelques associations militantes, elles-mêmes prises d’incertitudes, qui s’en soucie ? La laïcité serait-elle dépassée ?

Elle a permis la coexistence des « deux France » : l’une fixée à ses racines chrétiennes et féodales, l’autre à son utopie révolutionnaire égalitaire. Voilà maintenant trois France ! Celle-là vient d’un tiers-monde majoritairement musulman ou animiste. Devons-nous essayer de redéfinir la laïcité, en prenant en compte l’actuelle évolution des relations entre les autochtones et ceux qui aspirent à les rejoindre ?

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Categories: Laïcité

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