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"La qualité de vie au travail, ses conséquences sur les individus, plus particulièrement le « burnout » et ses rapports directs avec le climat de travail sont des préoccupations présentes dans le monde des entreprises depuis près de quarante ans.
Pour l’Éducation Nationale, la première entreprise de France avec plus d’1 million
100 000 salariés, cette « obligation » a longtemps été ignorée et réduite notamment à la portion congrue par une médecine de prévention comptant de soixante à soixante dix médecins spécialistes en charge selon leur statut « des domaines de la santé et du bien-être au travail des personnels de l’Éducation Nationale ».
Ces médecins doivent notamment apporter une expertise sur l’environnement professionnel et contribuer à la définition et à la mise en oeuvre de la politique académique de prévention. En 2006-2007, le nombre moyen de personnels affectés à chaque médecin était de 18 000 ; 5 académies n’avaient pas de médecin de prévention. En 2011, on note une amélioration sensible de cette situation : 17 nouveaux contrats de médecin de prévention ont été signés et un accord MEN (DGRH)/MGEN portant sur une visite médicale pour les personnels de plus de 50 ans (actuellement dans 6 académies) a été conclu.
À noter aussi que l’article L230-2 du code du travail stipule : « le chef d’établissement (sans référence aux personnels de direction de l’Éducation Nationale) prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs de l’établissement y compris les travailleurs temporaires ».
Dans cet objectif, il doit évaluer les risques spécifiques pour son établissement et
planifier la prévention en y intégrant dans un ensemble cohérent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants. À cette lecture une question se pose : comment ce qui est prévu au code du travail au nom de l’égalité des garanties de sécurité pour tous les travailleurs du pays est susceptible de s’appliquer à nos établissements publics locaux d’enseignement ?
Les travaux menés par les auteurs, plus particulièrement sur le climat scolaire,le moral et la victimation des personnels de direction, la qualité de vie au travail des enseignants ainsi que les récentes enquêtes des organisations syndicales ont ouvert une brèche dans ce monde du silence. Ils ont mis en évidence « même à l’Éducation Nationale » l’importance des conditions de la qualité de vie au travail des personnels des établissements scolaires, non seulement pour leur santé et leur bien-être personnel mais aussi pour le climat général et le développement d’une dynamique collective pour la réussite des élèves.Le constat patent de la carence de reconnaissance de ces risques « psychosociaux » tant sur le plan de la santé que sur celui des situations conflictuelles a permis de faire émerger la nécessité d’une évaluation d’impact suivie de la mise en place de la prévention à la source. Pour mener à bien ce travail pionnier, principalement dans sa phase d’élaboration du questionnaire, un groupe de travail mixte ESEN/MGEN a été mis en place (voir annexe). La démarche et l’outil qui sont issus de cette phase de préparation ont été testés sur le terrain et présentés aux principaux syndicats représentatifs des personnels de l’EN ainsi qu’à l’administration concernée.
Les résultats qui vous sont présentés pourraient se révéler pour certains préoccupants si ce n’est inquiétants tant pour la qualité de vie dans nos établissements que pour l’adhésion des personnels aux valeurs professionnelles et à la satisfaction de l’exercice du métier. Un des éléments explicatifs de cette situation, le climat scolaire, et plus particulièrement un de ses constituants « les politiques disciplinaires » menées dans les établissements sera approfondi. Il serait susceptible d’« autoriser » certaines prises de conscience se prolongeant par de nouvelles pratiques.
Sur le registre des conséquences « santé » de la non prise en compte des risques psychosociaux pour les personnels, un point sera fait sur le « burnout » des enseignants, ses conséquences individuelles et collectives et les démarches et outils à mettre en oeuvre pour les prévenir.
L’ensemble du diagnostic et des analyses donne lieu à un corpus de propositions de changements et/ou d’améliorations – pour la plupart déjà expérimentées – qui concerneront directement le fonctionnement et l’organisation des lycées et collèges, l’exercice même du métier d’enseignant et les aides individuelles et collectives à mettre en place.
La majorité de ces propositions pourra être réalisée par la communauté éducative ; les autres seront du ressort de la prise de conscience et de la volonté des responsables politiques et syndicaux. Enfin, fidèles à notre conception de recherche- action, nous avons conçu des outils qui devraient permettre aux établissements d’élaborer un diagnostic et de mettre rapidement en oeuvre des actions concrètes de prévention s’inscrivant non seulement dans le « Document unique » mais ayant aussi vocation à devenir un des axes du projet d’établissement.
Afin que ces outils et cette étude puissent devenir la base d’une réflexion critique — et grâce à l’aide de la CASDEN — ils seront diffusés à tous les collèges et lycées publics, aux responsables du système éducatif et partenarial de l’E.N. ainsi qu’aux autorités académiques et départementales."