La coopération entre acteurs de l’institution scolaire et de la prévention spécialisée doit être renforcée, aucun modèle ne peut être imposé.
« Il y a quelques années, le rapport « Brévan-Picard » avait pointé le rendez-vous raté entre la politique de la ville et le travail social, en particulier la prévention spécialisée. Aujourd’hui, nous ne devons pas rater le deuxième rendez-vous, celui avec l’école », prévient Bernars Keckel, président du Comité national de liaison des associations de prévention spécialisée (CNLAPS).
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C’est pourquoi le Conseil technique des clubs et équipes de prévention spécialisée (CTPS) a demandé à la psychologue Joëlle Bordet et au consultant Bernard Champagne de mener une recherche sur la coopération entre les acteurs de l’institution scolaire et ceux de la prévention spécialisée.
Dans leur rapport publié en mars dernier, ils montrent que depuis plusieurs années, ces professionnels se sont rapprochés selon des modalités très différentes en fonction du contexte et des volontés locales.
Les auteurs se sont appuyés sur une recherche-action menée dans trois régions: à Lille et Roubaix (Nord), à Fréjus, Saint-Raphaël (Var), ainsi que dans les quartiers de Hautepierre et de la Meinau à Strasbourg (Bas-Rhin). Et ils formulent une série de préconisations pour développer les échanges entre institution scolaire et prévention spécialisée, soulignant qu’il faut « accepter la diversité des coopérations possibles – des plus informelles aux plus formelles – en veillant à ne pas transformer ces collaborations en « dispositifs institutionnalisés » et imposés ».
De fait, les expériences menées sont très variées: accompagnement à la scolarité, travail avec les familles, intervention au sein des établissements. L’association Prévention spécialisée et action sociale à la Meinau (PAM) a par exemple instauré au collège des « points élèves ».
Ces temps de médiation, organisés pendant le temps scolaire, permettent d’évoquer les situations difficiles de la semaine. Ils rassemblent un éducateur de l’association ainsi que l’équipe du collège et,éventuellement, des parents, des jeunes…
Une collaboration qui pose la question des niveaux de l’information échangée entre éducateurs et enseignants. « Tout n’est donc pas dit en réunion. Mais c’est l’occasion de créer une réponse adaptée pour le jeune, estime Marie Fournet, éducatrice à la PAM. Surtout, cela facilite le contact avec l’assistante sociale et l’infirmière, avec qui l’on peut ultérieurement évoquer en tête-à -tête les cas les plus graves ».