LA LAïcITÉ EST UN PRINCIPE DE LA RÉPUBLIQUE. ELLE FAIT PARTIE DE L’HISTOIRE DE LA FRANCE ET CONSTITUE LE FONDEMENT DE SES LOIS. L’ISLAM EST-IL COMPATIBLE AVEC LA LAïcITÉ?
Seuls l’Arabie Saoudite depuis le 1979, le Soudan et certains Etats à majorité musulmane à l’intérieur des fédérations comme le Pakistan et le Nigéria, appliquent la charia. Les Maghrébins qui constituent la majorité musulmane en France sont familiarisés avec les institutions du droit positif.
Rappelons que le monde arabo-musulman a aussi été touché par la sécularisation dès le début du XXème siècle. En 1925, Ali Abderaezek, théologien égyptien du courant réformiste, avait déjà publié L’Islam et les fondements du pouvoir. C’est la seule véritable étude faite sur la laïcité et l’Islam. Abderazek montre que non seulement un Musulman peut adhérer à la laïcité, mais également qu’un Etat musulman peut adopter la laïcité sans se renier et sans aller à l’encontre des principes de l’Islam. Il a démontré de l’intérieur que Islam et laïcité sont compatibles. Les Musulmans doivent non seulement s’approprier la laïcité mais ils doivent la défendre car elle constitue une véritable chance pour eux.
Les autorités en France, dans une volonté politique, doivent faciliter pour les Musulmans la pratique de leur culte, en matière d’acquisition de lieux et de visibilité, de pratiques rituelles comme fêter l’Ald, etc … Mais l’intégration de l’Islam doit inéluctablement passer par l’organisation de ce culte et une réflexion de l’intérieur afin de déterminer le type de pratique compatible avec les lois de la République. Certes c’est une négociation avec les pouvoirs publics mais aussi un débat interne à l’Islam en France.
Compte tenu des peurs, certes irrationnelles, que la présence de l’Islam en Europe suscite par les temps qui courent, les Musulmans de France doivent faire preuve de l’ouverture et de la souplesse que leur permet leur religion. C’est le meilleur moyen de redorer l’image de l’Islam. Par exemple pour les mosquées, les Musulmans peuvent se passer des minarets. C’est dommage pour la France, car aux belles églises dont elle dispose, pouvait s’ajouter de belles mosquées et cela ne ferait qu’enrichir son patrimoine architectural. Dans le monde arabo-musulman, plus de la moitié des mosquées n’ont pas de minaret; ce dernier sert seulement à repérer de loin la position de la mosquée.
Des questions comme le foulard de la femme musulmane et encore plus le voile intégral, me paraissent futiles, car elles ne font pas partie des obligations faites aux Musulmans. Ce sont des pratiques et des signes d’infériorité de la femme qui relèvent du Moyen Âge et qui n’ont rien à voir avec la religion. Je voulais aussi m’arrêter sur la viande «Hallal» (viande provenant de la bête tuée selon le rite musulman) et qui constitue aussi un véritable enjeu financier. Je suis surpris de constater que de plus en plus de Musulmans considèrent la viande non «Hallal» comme la viande de porc. Ils la refusent avec la même énergie qu’ils refusent le porc. Il s’agit là d’une véritable dérive ! La viande de porc est un interdit sur lequel s’accorde l’ensemble des Musulmans alors que la viande non «Hallal» (excepté le porc) est l’objet de discussion entre les Musulmans. Et quand on peut choisir, pourquoi opter pour l’enfermement au détriment de l’ouverture, car si on ne peut plus manger ensemble, c’est la convivialité qui en prend un coup et c’est un pas de plus vers le communautarisme ! Par ces quelques propositions, j’appelle les Musulmans à prêter moins le flanc aux islamophobes. Le financement des lieux de culte doit être l’objet de discussion avec les autorités publiques pour trouver des solutions autres que le recours à des financements étrangers. La loi de 1905 interdit aux autorités de financer ces lieux ou de salarier les imams, sauf pour les églises construites avant 1905, ce qui constitue une injustice, car aucun lieu de culte musulman n’est construit avant cette année! La prière dans les rues, le vendredi à midi, est due essentiellement à l’exiguïté de ces lieux de culte. Des négociations doivent s’ouvrir entre les Musulmans et les maires de ces communes pour étudier les possibilités d’augmenter cet espace.
Je termine sur la nécessité faite à toutes les forces vives de la nation de lutter contre les discriminations et pour l’égalité des chances, car ce sont le racisme, l’exclusion et l’injustice qui constituent le terreau de l’extrémisme et l’enfermement identitaire.
Hassan Amghar
1. Courant apparu en Egypte pendant