Quatrième Université d’été de PRISME
La Ferté sous Jouarre 5, 6 et 7 juillet 2007
L’accès à l’éducation, à la formation et à l’orientation pour tous
dans une logique inscrite tout au long de la vie :
Quelles traductions territoriales ? Quelles coopérations entre les acteurs ?
Lors des précédentes éditions, en cohérence avec son objet, l’association nationale/réseau PRISME s’est fixée pour but de « définir et de cerner les enjeux de l’éducation et de la formation tout au long de la vie », et ce à travers les prismes territoriaux.
Dans le même esprit, deux questions vives seront abordées cette année dans le nouveau contexte politique… connu : l’une liée à l’orientation, l’autre relative aux « cartes ».
Mon exposé de lancement de nos travaux tente à travers quelques lectures récentes de faire un point sur ces sujets, de proposer des questionnements, d’oser avancer quelques investigations préliminaires !
 Le mot orientation, lorsqu’il est employé dans le débat public, apparaît à la fois comme un enjeu majeur des politiques publiques et comme un mot-valise.
C’est devenu une banalité de dire que les malentendus autour de l’orientation sont nombreux et que des personnes les portent toute leur vie, jusqu’Ã confondre orientation, information, affectation…
De nombreux acteurs, institutionnels ou non, intègrent l’idée qu’il faut s’orienter tout au long de la vie et que la coopération, entre les nombreux professionnels qui interviennent dans ce champ, est nécessaire.
Pour autant, la traduction sur le terrain tarde parfois à se faire sentir, surtout pour les publics les plus démunis.
C’est pourquoi les régions revendiquent d’être reconnues notamment comme « ensemblier de l’orientation » afin de mettre le sujet en cohérence avec le PRDF comme indiqué dans les actes du séminaire de l’ARF en Limousin en février dernier ou lors de la journée consacrée aux Ecoles de la seconde chance en Champagne-Ardenne.
S’il y a bien des politiques en matière d’orientation, c’est qu’il existe bien, en la matière, une politique de l’Etat, une politique académique, une politique d’établissement ainsi qu’une politique régionale, et même si l’on veut bien y prêter attention, une politique des conseils généraux, des agglomérations… ou des communes.
Sans oublier les organismes professionnels qui jouent un rôle non négligeable dans l’ensemble de la chaîne.
Quelques questions nous sont donc posées :
– Comment donner cohérence et lisibilité Ã ce dossier en prenant en compte ses dimensions sociale, éducative, institutionnelle et territoriale ?
Dit autrement d’ailleurs par l’université de Provence pour un colloque international en novembre prochain
– En quoi les effets de contexte liés aux territoires pèsent-ils sur les trajectoires scolaires et sociales et les processus d’orientation ?
– Comment s’alimentent-ils et s’enchevêtrent-ils entre identités multiples à partir des notions « d’atttraction/répulsion » vis-à -vis du local, du lointain, du rural, de l’urbain, des…franges ?
Nous aborderons ces problématiques ce jeudi lors des trois tables rondes mêlant exposés et regards croisés sur des initiatives sociales en milieux éducatifs…
-Approche territoriale de l’orientation : une fonction sociale partagée ?
-Des politiques d’orientation à partir de l’emploi et des activités
-Des actions construites à partir des besoins des personnes dans une logique de formation tout au long de la vie
Pour « travailler » le dossier, les meilleurs d’entre nous se plieront à l’exercice !
 La question des cartes, notamment celle dite de la carte scolaire apparaît régulièrement dans le débat public depuis sa création en 1963 autour de la mise en place du collège réputé unique.
S’y ajoute les cartes hospitalière, judiciaire…
Et ce « serpent de mer » va probablement connaître, en particulier dans les établissements classés « ambition réussite », des inflexions majeures, appréhendée dans une approche réductrice sous le seul angle de la mixité sociale.
Notre camarade Jacques SENECAT dans une contribution à cette UE résume assez bien le sujet : «Dans le débat actuel, il faut répondre à la fois aux deux préoccupations légitimes suivantes : la liberté de choisir son établissement d’une part et l’impératif d’égalité d’autre part. Majorer l’une ou l’autre des préoccupations aboutit à des effets pervers à savoir les dérogations illégitimes ou l’aggravation des inégalités. »
Bernard TOULEMONDE ne manquera pas de replacer ce sujet dans un cadre réglementaire et politique, j’en suis certain.
Et notre ami Philippe MEIRIEU sur l’un et l’autre des sujets majeurs de notre UE ne sera certainement pas en reste. Il nous invitera probablement à l’accompagner dans son ouvrage de rentrée « Pédagogie, le devoir de résister » !
Nous aurons aussi une approche fertoise de la difficulté Ã travers les cycles du premier degré , recomposant de facto une carte différente et l’ouverture du lycée public ?
Quelques remarques de lancement du sujet
Pour promouvoir la mixité, il faut accepter l’hétérogénéité sociale et spatiale et considérer que le collectif (l’autre) est aussi porteur d’émancipation individuelle. Ceci n’est pas nécessairement admis par tout un chacun !
Et le titre du CRAP Cahiers péda « la carte scolaire : les migrations choisies » nous renverrait-il à la réalité ?
Sans revenir ici sur les pratiques qui permettent à des acteurs informés et disposant d’un minimum de ressources de contourner les règles de la sectorisation, il nous faut revenir sur les motivations possibles des décideurs qui déterminent les cartes, les schémas d’implantation des formations, des établissements…
Penser les lieux de formation comme des ressources pour leurs territoires reste une constante dans notre approche de l’action éducative et sociale. Et, dans cette posture, la question du maillage de l’offre de formation « initiale » de la maternelle à l’Université est alors essentielle. Sans parler de la cohérence territoriale avec la formation professionnelle et/ou l’insertion sociale qui font appel à d’autres institutions.
Pour l’OZP « on ne peut accepter que la carte scolaire, déjà très mal en point, ne soit encore détériorée sans que, auparavant, des mesures de rééquilibrage de l’offre de formation ne garantissent, dans les territoires les plus défavorisés, la présence d’équipes pédagogiques capables de réussir dans les contextes difficiles . Ce rééquilibrage de l’offre suppose une politique active de gestion des ressources humaines ».
Nathalie MONS, dans un article publié dans un journal du matin lors de la campagne des élections présidentielles, ajoute que « certes le système français de sectorisation est inégalitaire et exige donc une adaptation ». Comparant divers modèles existant dans le monde elle considère que le modèle français a tendance à creuser davantage les inégalités car « la carte scolaire à dérogations est associée à un niveau d’inégalités sociales aussi fort que le système du libre choix total. » A ce jour, deux logiques antagonistes sont proposées : l’une ayant vocation à « favoriser la justice sociale » et l’autre introduisant «l’ émulation » comme remède opérationnel .
Pour en rajouter un peu, il convient de prendre connaissance du dernier rapport conjoint de l’IGAS/IGEN qui souligne, prudemment, que dans la « lutte contre l’exclusion l’Educnat n’obtient pas encore de résultats suffisamment tangibles » et de l’affirmation avancée ces jours derniers par les autorités « les politiques publiques ne doivent plus être fondées sur des territoires mais sur des personnes ».
Et on peut donc s’interroger comme suit :
– Les cartes des lieux de formation et d’information pour apprendre tout au long de la vie sont-elles des outils du développement local et social ?
– Comment, en partant des habitants des territoires, les citoyens et les institutions peuvent-ils définir des cartes de formation ? Quels sont les champs d’action des différentes institutions (Etat, collectivités locales) ?
– Pouvons-nous approfondir la préconisation portée en particulier par le Sgen/CFDT de la mise en place de bassins de formation à l’échelle d’une agglomération, d’un groupement de communes, d’un pays.. ?
Ces questionnements seront donc sous-jacents lors des tables rondes de vendredi
– La décentralisation, un nouveau tournant ?
– Cadre institutionnel et animation du territoire : quelles places pour les citoyens ?quels exemples d’innovation,
– Comment coordonner les différentes cartes (du primaire au supérieur et de la formation initiale à la formation continue) ? Comment l’accès à la mobilité géographique est-il un levier de la transformation sociale ?
– Les collectivités et les fonctions éducatives pour les jeunesses : quelles complémentarités fonctionnelles ?
Le point de vue du conseil général de Seine-et-Marne est particulièrement intéressant mêlant d’importants territoires urbains et ruraux .
 En pratique, nous vous proposons, au cours de ces trois journées en « frange est francilienne », de relier donc nos travaux, certes à ceux des années précédentes, mais aussi à nos activités en régions, notamment ceux effectués en Champagne-Ardenne, en Aquitaine, en Limousin, en Nord-Pas-de-Calais…
Nous pourrons ainsi tracer ensemble pour l’année 2007-2008 :
-des perspectives de chantiers, de nouvelles formes de rencontres mensuelles, de forums sur le site, d’alimentation de rubriques sur la lettre électronique mensuelle…,
-des projets adaptés de formation d’acteurs, d’accompagnement de collectivités dans l’aide à la définition de leurs politiques publiques , à l’évaluation et à la valorisation de leurs innovations.
Et, pour démarrer dans cette optique, nous terminerons samedi par un exposé intitulé
« Territoires intelligents et frontières à géométrie variable »
Auparavant en soirée nous donnerons carte blanche à l’autre université populaire ouverte en réseau UPOR
Croquons les savoirs en pays briard autour du mot FRONTIERE(S)
 En guise de conclusion à ce propos introductif, comme notre objectif majeur consiste à aider à la construction en réseaux de nouveaux collectifs composés de personnes physiques et publiques considérant « les territoires comme des leviers du développement », nous lancerons samedi un chantier s’adressant en particulier aux associations pour qu’elles puissent, dans le nouveau contexte politique, améliorer leurs coopérations pour l’éducation,la formation et l’orientation pour tous dans une logique inscrite tout au long de la vie.
Comment appréhender ensemble les conditions à mettre œuvre pour « promouvoir les initiatives sociales en milieux éducatifs » ? un agenda commun, un programme de rencontres thématiques, une charte de développement concertée sur les territoires…. ?
Pour ce faire nécessité d’appréhender les articulations entre les terrains régionaux, départementaux et locaux (communes, pays, agglomérations) , déterminants pour les enjeux de demain.
Et les deux objets de votre UE 07 « orientation » et « cartes » constituent d’ailleurs des prismes pertinents pour réfléchir aux moyens de « garantir le savoir pour tous , enjeu moderne et social fondamental », tel que souligné par La Ligue dans sa dernière publication.
Leurs auteurs, dont plusieurs sont présents, nous font remarquer judicieusement, que cette question ne peut s’aborder qu’Ã la condition de partager des convictions (l’éducabilité de tous), des principes (l’égalité devant le savoir) et des objectifs (acquisition d’une culture commune de référence).
C’est pourquoi la répartition des fonctions entre les différentes collectivités, autour des réponses aux besoins des jeunesses, devient une nécessité afin de dépasser les « territoires dits de compétences » des acteurs publics et déterminer ainsi les échelles pertinentes de territoires de projets
Cela faciliterait aussi les réponses que peuvent apporter les partenaires, en particulier les associations et les entreprises, et les aiderait également à mieux définir leurs propres projets de développement.
Agnès Van ZANTEN, lors d’un colloque récent, pose cela d’une autre manière, Ã savoir que co-existent des interdépendances verticales entre les structures d’enseignement et des interdépendances horizontales porteuses, elles, de relations entre structures de même niveaux.
Elle confirme in revue Claris d’avril « les recherches montrent que les insuffisances de régulation politique nationale et locales, notamment le manque de coordination entre les diverses agences publiques et privées compétentes en matière d’éducation dans un territoire donné, contribuent fortement au développement de sa ségrégation. »
Une étude encore non encore publiée de l’inter-réseaux DSU fait, elle, état de vrais handicaps dans la mise en œuvre des projets locaux : l’un relatif à la difficulté à mobiliser les services de droit commun autour d’un projet au caractère transversal ; l’autre relatif à la déficience des outils d’accompagnement et de qualification de l’ingénierie de projet.
La revue Education et formation du MEN dans son numéro d’avril consacrée aux « fragmentations territoriales et inégalités scolaires » confirme des relations complexes entre distribution spatiale, conditions de scolarisation et réussite des élèves.
Notre chantier prismé de ces tris journées va donc tenter de réduire ces fameuses « relations complexes ! »
Je ne peux donc présumer quelle sera la notion (ou la formulation) qui traduira le mieux nos travaux, laquelle, comme les précédentes, sera reprise dans divers territoires ou avancées par tel ou tel acteur !
-ne plus utiliser la formule inepte « d’égalité des chances » ;
– préconiser « l’égal accès au droit à l’éducation et à la formation »
Et puis, comme l’avance Pierre LEVY, professeur de communication à Ottawa, dans un article récent pour un grand quotidien de la mi-journée, « l’intelligence collective étant notre plus grande richesse »,
Contribuons à faire émerger les intelligences territoriales .
Travaillons donc à la promotion des initiatives sociales en milieux éducatifs