Jean Roucou nous a quittés discrètement au milieu de ce mois d’août 2016, à un moment où certains d’entre nous n’ont pu exprimer comme ils l’auraient souhaité leur estime et leur reconnaissance. Nous ne pouvions en rester là. Très vite, s’est imposée l’idée d’organiser un hommage de l’association à celui qui après en avoir été membre dès les années 80, est devenu un président extrêmement actif dans les années 2000, faisant de Prisme un lieu privilégié d’échanges et d’engagement pour nombre de responsables et militants de l’éducation.
Un premier hommage a donc été rendu lors de l’université d’automne réunie à Paris le 1er octobre 2016, au cours duquel plusieurs interventions retranscrites dans ce dossier ont pu mettre en valeur diverses facettes du parcours de Jean. Il nous paraissait en effet très important de lier cette cérémonie à une initiative qui prouvait la capacité de l’association à reprendre le flambeau. Mais nous souhaitions également laisser une trace durable à ce moment en y consacrant un dossier spécial dans notre lettre. Après des éléments biographiques permettant de restituer de façon synthétique le parcours professionnel, intellectuel et militant de Jean Roucou, figurent les textes des cinq interventions orales qui ont été prononcées le 1er octobre, suivis par les témoignages de différents membres ou sympathisants de l‘association.
Cet hommage n’est pas un exercice de style, un passage obligé. C’est le plaisir de restituer l’épaisseur d’une vie d’homme lorsqu’elle s’accomplit portée par une vision, par des valeurs et par des convictions. La lecture des textes qui suivent, dans leur diversité, leur sobriété mais aussi leur sensibilité racontent tous la même histoire, la rencontre de leurs auteurs avec un homme constamment à l’affut, extrêmement attentif aux êtres, à l’humain, à tous les humains, capable « de faire advenir, partout sur les territoires, des affranchissements furtifs mais décisifs » pour reprendre les expressions du très beau texte de Philippe Meirieu. Mais au-delà de ces qualités d’empathie communicative, comme en témoigne la diversité des témoignages qui se sont exprimés spontanément au moment de sa disparition, Jean était avant tout passionné par le développement de projets éducatifs innovants dans les territoires et leur traduction dans des réalisations très concrètes. Il avait voulu que Prisme assume pleinement ce rôle de laboratoire d’idée mais aussi d’accompagnement de projets sur le terrain, avec pour objectif la promotion d’une action éducative globale impliquant réellement et pleinement l’ensemble des acteurs d’une éducation humaniste et émancipatrice.
Ce fédérateur d’engagement, décrit par Agnès Bathiany, souhaitait que Prisme soit une « association-réseau » (le terme est de lui), qui influence les milieux en lien avec le système éducatif, par son ouverture en transversalité à des personnels de tous niveaux hiérarchiques, dans et hors Education nationale, pour que cette dernière en soit irriguée. Ce sont ces orientations et ce message que nous souhaitons continuer à porter.