En 1981 François Mitterrand est élu président de la république, Pierre Maurois est premier ministre et Alain Savary ministre de l’éducation nationale. Au parti socialiste les militants se mobilisent pour changer l’Ecole. Le gouvernement crée 11 000 postes dans l’éducation nationale, ouvre le chantier de la décentralisation et le ministre est attentif au fonctionnement concret des établissements. Tous ces éléments favorisent un regard nouveau sur le fonctionnement du système éducatif. Des décisions sont prises : création des zones prioritaires pour l’attribution des moyens, lancement des projets d’établissements, fin de l’orientation en fin de cinquième au collège, développement des premières d’adaptation dans les lycées professionnels, etc.
Au sein du parti socialiste, la délégation à l’éducation nationale, en liaison avec le ministère se fait le relais des initiatives prises, anime le débat éducatif en organisant des colloques, propose des actions aux militants, interpelle les adjoints à l’éducation des municipalités de gauche. Bien sûr, des insatisfactions se font jour, le dossier laïque traine, la formation initiale des maîtres reste en l’état, la réforme des collèges semble patiner. Surtout la solidarité avec le gouvernement impose une parole dite responsable bridant la réflexion.
Il est apparu nécessaire, pour relancer une réflexion libre des contraintes liées à la responsabilité gouvernementale, de créer une association indépendante du parti mais en phase avec son programme tel qu’il avait été exposé dans l’ouvrage Libérer l’Ecole. C’est pour cet objectif que la douzaine de militants qui coordonnait et animait la délégation à l’éducation nationale du parti socialiste a créé l’association « Prisme » (Promotion des initiatives sociales en milieux éducatifs).
Très vite des rencontres ont été organisées, des réflexions produites dont la plupart ont été publiées dans la revue Ecole et socialisme tant que celle-ci a existé. Elle a ensuite disparu pour des raisons budgétaires, mais aussi pour le moindre intérêt porté aux questions éducatives par la gauche en général, après la démission d’Alain Savary en 1984. Il faut ici saluer l’action d’un militant exemplaire, Jules Bénéton, qui a véritablement porté l’association, menant à bien toutes les tâches indispensables pour son fonctionnement. Jules était un autodidacte, ouvrier à l’âge de 12 ans, devenu un grand professionnel dans la réparation automobile, puis professeur en lycée professionnel, syndicaliste au SGEN-CFDT (Syndicat général de l’éducation nationale-Confédération française démocratique du travail), et, enfin, alimentant la réflexion du parti sur l’enseignement technique.
La période de cohabitation 1986-1988 fut un temps de sommeil pour l’association qui se réveilla en 1988 sous l’impulsion de Didier Chouat, député des Côtes d’Armor, reprenant ses travaux de réflexion, avant de retomber en sommeil quelques années après. Mais Jean Roucou devait reprendre le flambeau en faisant la synthèse des expériences de la politique de la ville et des politiques de l’éducation nationale et donnant à Prisme le visage actuel.
Jean-Louis Piednoir
Inspecteur général honoraire