Grandir c’est vieillir et aller vers la maturité adulte. Pour le penser, nous avons besoin d’une philosophie des âges de la vie , au sens de E. Deschavanne et P.H. Tavaillot, 2007.
« Nous cherchons seulement quel sens précis notre conscience doone au mot « exister », et nous trouvons que, pour être conscient, exister consiste à changer, changer à se mûrir, se mûrir à se créer indéfiniment soi-même. En dirait-on de l’existence en général ? » , H. Bergson, 1907.
« Vos enfants essaieront de vous rendre responsables de leurs échecs, même si en réalité vous n’y êtes pour rien. Vos enfants disent purement et simplement : je n’ai jamais demandé à venir au monde. Votre récompense vous la trouverez dans la richesse du potentiel qui apparaît progressivement chez le garçon ou chez la fille. Et si vous réussissez, il faut vous préparer à être jaloux de vos enfants qui ont eu des occasions plus favorables que vous n’en avez eues de se développer personnellement… Si dans le fantasme de la première croissance il y a la mort, dans celui de l’adolescent il y a le meurtre… Grandir est par nature un acte agressif. », D.R. Winnicott, 1969. Dans le devenir « grand » nous devenons en même temps plus grands que nous et plus petits que ce que nous serons.
Grandir requiert de la sécurité (physique et psychologique), de la reconnaissance et une possibilité de s’affirmer, de renoncer aussi. Les pertes font partie de la vie: elles sont universelles, inévitables, inexorables. Et cela parce que « c’est en perdant, quittant et renonçant qu’on grandit », J. Viorst, 1986.
Autrefois, grandir consistait à devenir plus âgé et , par conséquent, plus sage et plus capable d’être le fidèle interprète de la tradition. Désormais dans un monde en mutation accéléré, grandir ne va plus de soi. Le syndrome de Peter Pan qui reste dans le monde merveilleux de l’enfance et de la peur, appartient à la personne qui ne veut pas grandir. Pour J. Monbourquette, 1984, Aimer, perdre et grandir font partie de la vie comme processus. Tant de sollicitations, l’enfance aujourd’hui, nous invitent à rester dans la toute-puissance de l’enfance pu à nous installer dans l’indécision de l’adolescence que grandir semble être devenu plus difficile que jamais…