Le vocable « expérience professionnelle » a été introduit dans le Thésaurus européen de l’éducation, 1997.
Le mot « expérience » est apparu dans la langue française au XIIIè sicèle. Il vient du latin experientia, terme dérivé du verbe experiri qui veut dire « faire l’essai ». mais l’origine étymologique grecque signifie « l’épreuve ». En allemand, erfahrung, indique l’idée de voyage, de cheminement, d’itinérance.
Pour l’auteur de l’Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, C. Bernard, 1865, « Acquérir de l’expérience et s’appuyer sur l’observation est autre chose que de faire des expériences et faire des observatios […] l’expérience n’est au fond qu’une observation provoquée ».
Comme l’écrit M. Fabre, 1994, l’expérience est une forme d’apprentissage qui en son sens fondamental de processus vécu, signifie négativité, épreuve. D’où pour de nombreux auteurs une double signification :
– l’une orientée vers l’avenir, une expérience à réaliser « dont le résultat ne peut être qu’espéré ».
– l’autre tournée vers le passé et désignant une épreuve subie ou un ensemble d’expérinces accumulées.
L’expérience n’est pas un art brut ; pour être formatrice, elle mérite d’être construite et réfléchie : « Les expériences ne sont éducatives que si elles débouchent dans un monde gros d’un programme, un programme de faits, d’informations et d’idées, conçu par le maitre », J. Dewey, 1968.
L’expérience sans modélisation est aveugle.
L’analyse du concept d’expérience permet d’appréhender quatre différents niveaux de compréhension :le niveau symbolique-sémantique ; le niveau perceptif-imaginaire ; le niveau subjectif-émotionnel ; le niveau actif-comportemental.
Savoir, percevoir, sentir, agir, représentent des niveaux d’implication différenciés et des probalités croissantes d’une véritable connaissance.
On parlera « d’expérientiel » dès lors que l’on se réfère à une épreuve existentielle, historique, personnelle. J. Dewey par exemple, évoque l’apprentissage expérientiel quand il s’agit d’apprendre par l’expéricne : « learning by doing » .
Le savoir expérientiel traduit « l’idée de connaissance intime résultant d’une action directe et réfléchie d’un sujet à lui-même, à un autre sujet, objet et environnement », G. Pineau, 1989.
La formation par l’expérience est une formation par contact direct (avec soi, les autres, l’environnement) mais réfléchi.
L’expérience racontée n’est pas l’expérience effective. On désigne par « expérience formelle » toutes expériences acquises dans des cadres officiels attestées tels que l’emploi et l’exercice d’activité professionnelle, etc.
On entend par « expérience informelle », tout acquis obtenu informellement par un individu notamment à travers ses expériences personnelles, sociales, familiales, culturelles,, militantes, (un quart des français se forment sans avoir recours à un stage, Le Monde du 13 mars 2001, etc.
Kolb, 1984, a développé une théorie de l’apprentissage, mettant l’accent sur les étapes successives de la transformation d’une expérience en un apprentissage. Il avance l’hypothèse que le processus d’apprentissage associé Ã l’expérience est constitué d’un cycle de quatre étapes : la première étape concerne le niveau de l’expérience concrète ( ou le style actif-réfléchi) ; la deuxième étape porte sur l’observation réfléchie (ou le style réfléchi-théoricien) ; la troisième étape vise la conceptualisation abstraite (ou le style théoricien-pratique) ; la dernière étape proposée est celle de l’expérimentation active (ou le style pratique-actif).
Dans ce schéma, on ne reconnait pas l’expérience en tant que telle mais les apprentissage attestés et démontrés
L’expérience scolaire désigne le versant « subjectif » du système scolaire, c’est-Ã -dire, c’est la manière dont les acteurs se représentent et construisent ce système. Selon F. Dubet, 1991, la première dimension de l’expérience scolaire est celle du projet de l’élève, comme médiation ente la fonction de sélection et le modèle culturel du système scolaire.
La deuxième dimension de l’expérience scolaire, située entre l’organisation scolaire et le modèle culturel, correspond à ce que l’on désigne couramment comme l’expérience éducative. Il s’agit de la formation du sujet.
La dernière dimension de l’expérience scolaire est celle de la stratégie dans une hiérarchie de prestige et de compétences. Il va de soi que l’expérience scolaire est à la fois scolaire et non-scolaire. Les projets, la formation d’un sujet et la stratégie ne sont pas strictement scolaires.
La pédagogie expérientielle articule trois principes : faire vivre des expériences ( principe expérientiel) dans lesquelles le sujet apprend à se connaitre intellectuellement et affectivement, à découvrir le monde. Mais vivre des expériences n’est pas suffisant, il faut que l’individu puisse les traiter (principe heuristique), s’engager dans la découverte du sens qu’elles prennent pour lui et accepter ce sens (principe intégrateur).
L’expérience est un capital qui s’enrichit au cours de la vie de différentes manières. La loi de modernisation sociale porté par N. Péry, 2002, secrétaire d’état à la formation professionnelle, élargit le champ d’expériences prises en compte par la problématique de la validation, de la certification et du bilan de compétences aux activités sociales et culturelles.
Comment penser l’expérience en développant l’autoformation ? J. Mezirow, 2001. On désigne par « formation expérientielle des adultes », (1991), une nouvelle approche qui prend en compte l’expérience des individus. Il s’agit d’une formation par contact direct qui nécessite une prise en compte de la totalité de la personne.
L’expérience acquise doit passer par une remise en question de la personne, de sa globalité, et déboucher sur une évaluation de la personnalité. Plus largement cette réflexion est articulée avec l’étude d’une nouvelle répartition de la fonction éducative au sein de la société.
En définitive, « sous-estimer le savoir de l’expérience (savoir de la vie et de l’action) est à la fois une erreur scientifique et l’expression d’une idéologie élitiste » (P. Freire).