In Le site du journal de l’âge de faire – le 25 octobre 2013 :
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Travaux de menuiserie et d’électricité, exercices personnels, exposé, débat…Une journée de classe avec Jean-Charles Huver, instituteur pratiquant la pédagogie Freinet, et ses élèves de cycle 3 de l’école publique Aimé Legall à Mouans-Sartoux. « Les enfants posent eux-mêmes ce qu’ils doivent atteindre »
Il est 8h20. La première cloche vient de sonner à l’école publique Aimé Legall de Mouans-Sartoux, près de Grasse, dans les Alpes-Maritimes. La classe de Jean-Charles Huver et de ses élèves de cycle 3 (CE2, CM1, CM2) abrite une profusion de matériel à dessin, d’outils, de jeux, d’instruments scientifiques ou de musique, de livres, de crânes d’animaux et de minéraux disposés sur des tables et sur les étagères, tandis que les murs sont couverts de plannings, de posters, de tags et de fiches pédagogiques. « Souvent, des débutants me demandent comment on peut arriver à ça. Cela ne se fait pas tout seul. L’agencement, les créations, la décoration dépendent des besoins de la classe, de la vie des enfants et de l’enseignant, ce n’est pas arbitraire » souligne Jean-Charles, qui dispose sur les tables des bouts de carton et des fils électriques.
Sur le tableau il est inscrit : « Qu’est ce que serait le monde sans objets ? Qu’est-ce que serait l’Homme sans objets ? » Les enfants entrent peu à peu et s’installent.
« Qui mange à la cantine ? » demande Manon qui compte les doigts levés et inscrit le nombre sur une ardoise, tandis qu’un autre élève tient le cahier des absences. Jean-Charles s’installe sur un tabouret en face des enfants et annonce le programme de la journée :
« IL FAUT QU’ELLE COGITE »
Un groupe d’enfants s’en va avec Daniel, un artisan qui connait les méthodes de travail de Jean-Charles et vient de temps en temps l’épauler. Dans la bibliothèque et salle d’informatique de l’école, les ordinateurs ont fait place aux scies, tournevis, marteaux, perceuses, étaux, planches de bois et autres matériaux. « Aujourd’hui on va mettre des leds sur les objets » signale Daniel, tout en distribuant une fiche technique où apparaissent les étapes de construction d’un circuit électrique. Après explications, tous scient, liment, percent, vissent… « Tu peux m’aider ? C’est trop dur » demande Kiara, penchée sur son camion en bois de hêtre, un tournevis à la main. « Si tu n’y arrives pas, c’est que ce bois est dur », réplique l’artisan. Laura a un problème avec la transversale de son vélo en bois. « Je la mets seulement sur la voie, il faut qu’elle cogite. C’est une réelle mise en situation : ce travail sollicite autant du français, des mathématiques et de la géométrie que les mains », précise Daniel devant une Laura un peu triste, mais consciencieuse. D’autres photographient déjà l’avion, le train ou le skate pour le blog de la classe, lorsque 10 heures sonnent. C’est la récré, personne ne bouge. « On peut rester ? » demandent certains.
10h30. Devant la classe grande ouverte, des enfants entourent une planche de bois. Ils testent leurs voitures faites d’un châssis de carton, de roues en bouchons, et d’un moteur électrique relié à une hélice. A l’intérieur, d’autres élèves discutent ou se plaignent de la difficulté de la tâche.
Parmi le petit groupe qui peint ses créations en bois, ça discute foot et cinéma. Mais l’instituteur doit réprimander deux enfants : « Vous nettoyez tout ce que vous avez dégueulassé, et vous allez vous laver aux toilettes ! »
Un reportage de Madhi M’kinini