Un pas sera fait vers le statut des délégués des parents d’élèves a promis N Vallaud-Belkacem le 15 décembre en présence des présidentes de la Fcpe et de la Peep. Un décret en préparation devrait indemniser, à hauteur de 7.5 € par heure, les 907 délégués des associations de parents dans les instances académiques et nationales. Pour les délégués locaux, la ministre manifeste son souhait de voir les réticences se lever. Elle reconnait que les textes officiels ne sont pas respectés.
Des textes réglementaires inappliqués
« Il existe des incompréhensions entre les parents et l’école. L’évolution de cette relation demande un travail long ». En ouvrant le séminaire national sur les relations entre l’école et les parents, N Vallaud-Belkacem ne nie pas l’écart entre les instructions officielles et le terrain. La ministre est venue pour défendre la place des représentants des parents dans les établissements et faire quelques annonces.
« On sait que les textes anciens ne sont pas appliqués », déclare la ministre. Au delà des textes c’est une culture qui doit évoluer ». N. Vallaud-Belkacem ne se trompe pas. Régulièrement les textes officiels rappellent les mêmes choses , preuve s’il en est besoin de leur non application. Ainsi en 2006, une circulaire précise que « les réunions des conseils d’école, des conseils d’administration, des conseils de classe et des conseils de discipline sont fixées de manière à permettre la représentation des parents d’élèves, c’est-à-dire en prenant en compte leurs contraintes, notamment professionnelles ». Une injonction réitérée 7 ans plus tard. « Les heures des réunions des instances dans lesquelles les parents sont représentés sont fixées de manière à tenir compte de leurs contraintes, notamment professionnelles ». Les textes rappellent aussi le droit d’accès des élus aux listes de parents d’élèves et la communication aux parents des documents sur les élections.
Interrogée par le Café pédagogique sur l’irrespect des textes, N Vallaud-Belkacem répond « qu’il y a des endroits où ca se passe bien et d’autres où dans la longue liste de choses demandées aux chefs d’établissement et aux enseignants l’ouverture aux parents n’ets pas prioritaire ».
Un statut pour des délégués parents rémunérés
Mais la ministre est venue aussi avec des propositions principalement celle d’un statut des délégués de parents d’élèves. Il avait été promis le 10 novembre pour le 15 décembre. Mais ce qu’annonce la ministre c’est la prochaine publication d’un décret. « On finalise un projet de décret permettant aux parents élus des instances de tenir plus facilement leur place », déclare la ministre. A partir de la rentrée 2016, les 907 élus des associations de parents dans les instances académiques (CDEN par exemple) ou nationales (CSE) seront indemnisés à hauteur de 7.5 € par heure. La ministre a prévu que cela couterait 500 000 euros. Le ministère s’est donc aligné en dessous des estimations les plus basses faites par le rapport Gavini-Chevet – Amara qui demandait de 3 à 70 millions. Il s’est aussi aligné sur la plus basse estimation horaire : 70 heures par an par délégué et non 308.
Des parents mécontents
« Il faut que les choses changent en matière de communication avec les parents », a déclaré V Marty, la présidente de la Peep. « Il faut que l’école devienne transparente ». C’est que dans la salle on sent une certaine incrédulité devant certains propos de la table ronde officielle. Des parents se plaignent des heures des conseils de classe. « Comment demander à des adhérents de s’engager s’ils doivent perdre des journées de travail », demande un parent. Une élue s’étonne qu’on puisse « former à la relation parents enseignants dans les Espe sans parents »…
Les limites du nouveau statut
C’est aussi que le nouveau statut qui a été annoncé n’apporte rien pour les élus de base des associations. Le rapport Gavini-Chevet – Amara avait bien envisagé une indemnisation du temps des conseils de classe ou d’administration , leur permettant s’y participer sur le temps de travail. Mais cela aurait coûté bien cher. Pour eux, s’ils sont salariés du privé, le ministère promet une charte signée avec des entreprises volontaires. Le ministère annonce aussi une formation à distance pour les 293 000 élus des parents d’élèves. Enfin l’exercice de la fonction pourrait donner des compétences à faire valider dans le cadre de la VAE.
Quelle place pour les parents éloignés de l’école ?
La question est revenue régulièrement dans les échanges. Comment faire participer à la vie des écoles les parents les plus éloignés de l’école ? Le rapport de C Gavini-Chevet et F Amara reprend une remarque d’ATD Quart Monde sur les parents pauvres : » Ils se sentent jugés, voire pas assez calés pour suivre la scolarité de leurs enfants. Souvent le corps enseignants leur renvoie une image négative et il n’essaie pas de les connaître encore moins de les comprendre. C’est pourquoi, la formation des enseignants sur la connaissance de ce que peuvent vivre les familles en grande pauvreté est importante pour lever les incompréhensions. Ils ne sont pas démissionnaires au contraire, ils affichent souvent une grande espérance envers l’école comme facteur de réussite. Mais, ils sentent qu’ils n’ont pas leur place. Pour eux, ils ont le sentiment que l’école les convoque mais ne les invite pas et ça ce n’est pas le cas pour des parents issus de classe moyenne et plus, qui eux ont le sentiment d’être invités. »
Sur ce point aucune des mesures annoncées, si ce n’est une éventuelle amélioration des formations en Espe, ne semble avoir d’action. La journée du 15 décembre a un peu oublié la base…
François Jarraud
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