In education.gouv, 21 Septembre 2010 :
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Au début des années 1990, avec la multiplication des phénomènes de violence, l’Éducation nationale créa une nouvelle catégorie : les "établissements sensibles", dotés de moyens supplémentaires. Face à l’aggravation du phénomène, les "zones prévention violence" furent instituées au milieu des années 1990. En 1997, face à la dégradation des résultats des élèves, les responsables éducatifs s’interrogèrent sur la gouvernance des établissements et firent émerger la notion de "réseaux d’éducation prioritaire". En vingt ans, les responsables politiques qui s’étaient succédé à la tête de notre ministère s’étaient efforcés d’apporter des réponses aux évolutions de notre société et à leurs conséquences économiques, sociales et culturelles. Pourtant, cette politique du "toujours plus" n’a jamais permis d’atteindre l’objectif initial : celui de réduire la fracture scolaire. Pourquoi ? Principalement pour deux raisons. D’abord, la logique de zonage, longtemps au cœur de la politique d’éducation prioritaire, a entraîné une dispersion des moyens en raison des élargissements successifs des dispositifs comme des territoires à aider. Ensuite, cette politique conçue comme temporaire s’est installée dans la durée. Avec le temps, le bénéfice des dispositifs s’est même inversé puisque appartenir à l’éducation prioritaire est devenu stigmatisant, voire ghettoïsant pour nos collèges et nos lycées en difficulté. Dans bien des endroits, le remède est devenu pire que le mal. À mon sens, nous touchons là au cœur du problème de l’éducation prioritaire dans notre pays : la rigidité d’une politique qui n’a jamais su imaginer son terme. Car la politique d’éducation prioritaire, ne l’avons-nous pas oublié, n’est pas une fin, mais bien un moyen pour rétablir l’équité et l’égalité des chances à l’École.