La réforme du collège engagée par Najat Vallaud-Belkacem suscite des interrogations dans le milieu éducatif. Sur les points sensibles, les pays européens ont des visions parfois bien différentes.
La réforme du collège engagée par Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, a été adoptée par décret le 20 mai. Et ce, au lendemain d’une journée de mobilisation des professeurs, qui doit se reproduire le 11 juin. Ils s’inquiètent des menaces que la réforme ferait peser sur l’apprentissage du latin, de langues étrangères comme l’allemand et s’interrogent sur l’interdisciplinarité introduite. Sur certains de ces éléments, nous avons tenté un comparatif européen.
L’apprentissage du latin
En France, l’étude du latin est accessible à partir de la cinquième. En Belgique francophone, le latin fait ainsi partie d’une liste d’options obligatoires à choisir durant les deuxième et troisième années du collège. Le système belge se rapproche de celui qui devrait être mis en place en France.
Ailleurs en Europe, le latin est parfois considéré comme une langue étrangère et est souvent intégré au cursus littéraire. Dans certaines régions d’Allemagne, le latin peut ainsi être choisi comme une seconde langue étrangère et s’intègre dans des filières qui mènent vers l’enseignement supérieur général.
En Espagne, le collège dure une année de plus. La dernière année qui correspondrait donc à notre seconde est une année d’orientation où les élèves ont le choix entre trois filières. Dans la filière littéraire et uniquement dans celle-ci, le latin est obligatoire. Tout comme en Autriche, sans l’aspect obligatoire. Dans ce pays, l’orientation se fait à partir de la quatrième. En Italie, le latin n’est pas étudié avant le lycée et reste réservé à certaines filières.
Les langues vivantes
L’apprentissage d’une, voire de deux langues vivantes est répandu dans l’ensemble des pays européens. Sans toutefois que la seconde langue vivante ne soit obligatoire dans des pays comme la Belgique, l’Angleterre, la Suède et l’Irlande. Environ 100 heures par an sont allouées à la première langue vivante chez nos voisins, la France est dans la moyenne.
L’étude de la religion
Certains, comme François Fillon et Marion Maréchal-Le Pen, sont montés au créneau sur l’enseignement des religions. Selon eux, les cours sur l’histoire de l’islam seraient obligatoires, quand des cours concernant le christianisme ne seraient que facultatifs. Qu’ils se rassurent, les deux chapitres, déjà prévus dans les programmes précédents restent tous deux obligatoires, sans que l’un ne remplace l’autre. Mais il est vrai que la religion n’est pas enseignée en France.
Quelques pays rendent son enseignement obligatoire. Les Italiens, par exemple, ont un cours d’éducation religieuse catholique d’une heure chaque semaine. Les Autrichiens ont deux heures de cours d’instruction religieuse obligatoires chaque semaine en fonction de la religion de l’élève, si celle-ci figure parmi les religions officielles.
En Espagne et en Belgique francophone, les collégiens ont le choix de suivre un apprentissage religieux mais il n’y a aucune obligation à suivre ce type de cours. En Espagne, il est remplacé par une autre matière ; en Belgique, les élèves suivent un cours d’éthique.
La carte scolaire
La réforme du collège voulue par la ministre de l’Education se penche sur la carte scolaire. Jusqu’à présent, et dans la majorité des cas, les élèves intègrent le collège le plus proche de chez eux, sauf dérogation. Ce type de décision est finalement assez rare en Europe. Parmi nos voisins, seuls le Luxembourg et l’Autriche fonctionnent de la même manière. Ailleurs, le choix des parents est le premier à être pris en compte, les établissements décident ensuite suivant leur capacité d’accueil.
Le temps d’apprentissage
L’introduction de l’interdisciplinarité par la réforme fait évoluer les temps d’enseignement de chaque matière. Mais cela ne fait pas évoluer le temps global d’enseignement. Sur ce point, la France est actuellement dans la moyenne haute, derrière le Danemark, l’Espagne et les Pays-Bas.
Le décrochage scolaire
Une chose est sûre, réforme ou pas, le décrochage scolaire est une réalité dans toute l’Europe. La part des jeunes entre 18 et 24 ans ayant quitté le système scolaire est important en Espagne et en Italie. A l’échelle de l’Union européenne, ce sont la Croatie et la Slovénie qui sont les meilleurs élèves (seulement 2,7% et 4,4% de décrocheurs).