En dévoilant vendredi 22 janvier la « stratégie langues vivantes » pour 2016-2017, la ministre de l’Education nationale a semblé opérer un vif retour en arrière par rapport aux coupes claires opérées en la matière par la réforme des collèges.
En effet, il était prévu initialement de fermer toutes les sections élitistes, et les sections bilangues qui ne scolarisent que 16 % des élèves étaient visées, tout comme l’enseignement du latin. Dans ces sections, les élèves pouvaient apprendre une deuxième langue vivante dès la sixième. Mais avec l’introduction d’une deuxième langue vivante pour tous, dans le cadre de la réforme du collège, les classes bilangues devenaient obsolètes aux yeux du ministère.
Pourtant, on vient d’apprendre que finalement 70 % des sections bilangues vont être maintenues à la rentrée 2016…. Et le sort réservé à chaque académie s’avère très inégalitaire. Ainsi Paris gardera toutes ses sections bilangues.
Mais, pour Poitiers, Grenoble, Lyon ou encore Lille, c’est la disparition qui prévaudra. A n’y rien comprendre. C’est bien le point de vue exprimé par Liliane Moyano, présidente de la FCPE dans l’édito de la dernière lettre de la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves :
« La FCPE a découvert par voie de presse les premiers éléments chiffrés des dispositifs bilangues pour la rentrée 2016. La carte de l’offre linguistique montre ainsi de très nettes disparités territoriales dans l’implantation de ces dispositifs. Or, la réforme des collèges, telle qu’elle nous a été présentée, doit permettre de réduire les inégalités et garantir à tous les élèves un collège vraiment unique. Naturellement, nous n’avons pas la naïveté de croire qu’une réforme peut réduire drastiquement des inégalités enracinées si profondément dans notre système scolaire. Nous avions cependant la faiblesse de croire qu’elle ne les reproduirait pas à l’identique.
La FCPE est attachée à l’égalité entre les élèves. Elle ne peut accepter l’instauration d’une école à deux vitesses, où les territoires déjà les mieux dotés bénéficient de dispositifs supplémentaires au détriment de ceux qui devraient bénéficier de toute notre attention. C’est pourquoi j’ai demandé à la ministre de l’Education nationale d’affecter les moyens nécessaires à l’innovation pédagogique plutôt qu’à ces dispositifs bilangues qui permettent la sélection.
Une véritable liaison école-collège, une place des parents dans la construction des projets d’établissement, l’organisation de la vie collégienne, la création de postes, la formation et l’accompagnement des enseignants, sont le cœur de nos revendications sur lesquelles nous ne cèderons pas. »
Du côté de la ministre de l’Education nationale, on explique ce retour en arrière en précisant : « Comme je le dis depuis le début, il faut distinguer deux choses : les sections bilangues qui sont utilisées en guise de contournement [de la carte scolaire], auxquelles nous voulons mettre fin, et les bilangues de continuité – qui constituent 50 % de ces sections –, qui permettent à des élèves ayant étudié une langue autre que l’anglais au primaire de rattraper leur retard en anglais et de se trouver dans un dispositif avec deux langues vivantes en 6e. Ces bilangues de continuité, nous les maintenons et même nous les développons », rapporte Le Monde.
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