A partir du XVIIe siècle, la banlieue désigne les environs immédiats d’une ville, peuplés de banlieusards, de zonards et autres « apaches », J. Cubera, 2002.
Espoir d’un habitat moderne pour tous dans les années soixante, les villes nouvelles sont devenues des symboles de violence et de relégation. Véritables ghettos pour des populations prises au piège dans ces lieux mêmes qui leur avaient donné Ã croire en un meilleur possible, les banlieues sont devenues l’un des lieux de la contestation sociale. On se souvient de l’épisode des rodéos des Minguettes au cours de l’été 1981, période au cours de laquelle les banlieues font irruption sur la scène politique et sociale française. Depuis ces évènements qui rappellent les luttes urbaines des années soixante-dix, la banlieue ne désigne plus une catégorie essentiellement urbanistique ou géographique, mais un espace social et politique, voire culturel, ou plus exactement, la territorialisation de la question sociale, la congruence entre un territoire et la concentration de problèmes sociaux, (Dictionnaire Larousse de la contestation au XXe siècle, 1999).
Par extension, la banlieue évoque abusivement les « Quartiers d’exil », F. Dubet et D. Lapeyronnie, 1992, où des jeunes en survie éprouvent la « Galère ».
Les générations de la crise, ces « nouvelles classes dangereuses » issues des milieux populaires, concentrent bon nombre de difficultés : chômage, précarité, cadre de vie dégradé, échec scolaire, illettrisme, etc. A. Van Zanten, et alii, 2001, ont montré comment « l’école de la périphérie » conjugue scolarité et ségrégation en banlieue. Les émeutes urbaines ne font que refléter les désordres de la société globale. La politique de la ville mise en place à la même ^période peut-elle suffire quand à la violence exprimée est à l’écho d’un phénomène souterrain, plus profond ?
« L’explosion a au moins la vertu d’une énergie extravertie. L’implo-sion à laquelle nous assistons est une violence contre soi. Elle ronge de l’intérieur des millions d’hommes et de femmes comme assignés à la résidence sur des territoires incertains et qui se détruisent eux-mêmes ». A. Jazouli, 1995.
Cependant, trop souvent l’image de la banlieue se confond avec une représentation sociomédiatique généralement misérabiliste, puisqu’un sujet d’opinion devient un prétexte pour parler de la crise, plutôt qu’un objet scientifique. Pourtant « …tous les progrès de la pédagogie sont toujours venus des banlieues : chaque fois que quelque chose s’est passé d’important dans l’éducation, ça s’est passé à la périphérie des grands centres, des grandes écoles, des grandes villes, quand un hurluberlu, un personnage un peu étrange, s’est mis dans la tête d’éduquer des gens réputés jusque là inéducables …C’est Maria Montessori qui récupère les enfants arriérés des villes dans la banlieue de Milan. c’est J. Korzak qui récupère les enfants juifs abandonnés dans le ghetto de Varsovie. C’est J. H. Pestalozzi qui tente de faire quelque chose avec les gamins que l’armée bonapartiste laisse derrière elle après avoir massacré leurs parents. » P. Meirieu, 1996