In Educavox – le 8 octobre 2013 :
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"Raccrocheurs, leur difficulté, c’est le système scolaire", c’est ainsi que s’exprime Gérard DUZAN, proviseur du Lycée Professionnel Antoine Lomet à Agen qui a ouvert à cette rentrée scolaire le premier Micro Lycée Professionnel en France.
L’An@é a souhaité donner la parole aux acteurs de ce projet et diffusera sur Educavox les interviews du chef d’établissement, de la coordonnatrice du micro Lycée et d’enseignants. Mais avant tout il nous a semblé important de donner la parole à ces jeunes qui ont rejoint la structure et que l’Education Nationale appelle « des décrocheurs ».
Le Québec qui possède quelques longueurs d’avance sur la France dans le domaine de l’insertion socio-professionnelle des élèves en difficulté utilise d’emblée un langage positif pour traiter de ce problème. Nous avons (eu ?) la trop fâcheuse habitude d’utiliser des expressions qui évoquent plus la face négative du problème que celle qui permet de valoriser les solutions.
La lutte contre « l’échec scolaire » apparait donc aujourd’hui davantage comme une quête et une impuissance sans fin et surtout n’évoque pas assez les solutions mises en œuvre lorsque l’innovation se met au service de la « réussite de tous ».
Les québécois parlent de « persévérance scolaire » et de « raccrochage « . Nous parlons "d’échec scolaire" et de "décrocheurs".
Car depuis quelques temps, ces jeunes qui quittent le système éducatif sans diplôme et sans qualification professionnelle sont la préoccupation des pouvoirs publics. Près de 2 millions de jeunes adultes en dix ans qui , pour des raisons multiples vivent une éviction du système cela ne peut plus être ignoré, compte tenu des conséquences sociales, économiques et humaines.
Les cahiers pédagogiques ont publié en février 2012 un excellent article où Gilbert Longhi évoque les attitudes des « établissements qui se préoccupent de décrochage , mais ne s’occupent pas des décrocheurs . Leur défaussement s’organise en général autour de quatre grands axes : le déni, la compassion, la réorientation et la sous traitance. »
http://www.cahiers-pedagogiques.com…
Il faut dit-il « proposer le maintien des élèves présumés décrocheurs dans leur cursus naturel mais en modifiant in situ les pratiques d’enseignement et les usages de vie scolaire afin d’éradiquer les germes d’un décrochage nosocomial .. »
En fait le micro lycée constitue « une scolarisation palliative » , qui par la mise en œuvre de solutions innovantes constitue le laboratoire d’expériences utiles à la persévérance scolaire.
La formation initiale a tout à gagner en s’inspirant des pratiques de la formation continue et de l’expertise des acteurs des Greta et des Mission d’Insertion des Jeunes ( que le Ministère a rebaptisé « Mission de Lutte contre le Décrochage des Jeunes » … on aurait préféré pour POSITIVER Mission pour la Persévérance Scolaire ! )
Kamille raccroche au lycée Lomet. Elle a été "virée" du lycée où elle préparait un bac pro logistique. .Elle vient d’Alsace et son projet est « béton ».
Quel est ce projet ?
La « rentrée » a-t-elle été facile ?
Qu’attend- elle des adultes qui encadrent le micro lycée et plus particulièrement des enseignants ?
Quel est son ressenti après quelques semaines
Mohamed, par contre a fait un CAP carrosserie dans un LP voisin
Alors pourquoi intégrer ce micro lycée et préparer un bac pro tertiaire ?
Les propos de Karine comme de Mohamed sont semblables à ceux enregistrés par l’association canadienne d’éducation de langue française ( ACELF) qui publie des propos de jeunes raccrocheurs en Ontario : « Les élèves qui retournent sur les bancs de l’école afin d’y obtenir leur diplôme d’études secondaires après avoir abandonné leurs études choisissent de le faire en grande partie parce que leur expérience sur le marché du travail ou, tout au plus, à l’extérieur de l’école, n’a pas été concluante. Plusieurs le diront : sans diplôme, l’avenir n’est pas prometteur. Leurs propos sont teintés de frustration à l’égard de cette expérience sur le marché du travail, qu’ils aient réussi à y percer ou non. »
On le voit, les questions, les attentes, les espoirs sont nombreux.
Mettre en place des solutions, c’est urgent.
Claude TRAN