Le mot empathie vient du grec « s’identifier à quelqu’un ». Son sens psychologique moderne provient de l’allemand « einfülhen » qui signifie « sentir » ou plus précisément trouver le chemin à l’intérieur de l’expérience de quelqu’un d’autre. On peut se reporter à l’un des pères de cette notion, Husserl, 1931, notamment dans les Méditations cartésiennes.
« Conduite d’un sujet (ou degré d’aptitude à cette conduite) qui lui permet une connaissance plus ou moins efficace d’autrui par des voies non scientifiques et quel que soit, par ailleurs, le mécanisme de cette connaissance », H. Piéron, 1963.
La capacité de se mettre à la place d’autrui, de ressentir ce qu’il ressent, se distingue de la sympathie et de l’identification à l’autre.
C. Rogers et à sa suite toute l’école de la psychologie du conseil ont mis en œuvre des séries de méta analyses cherchant à objectiver l’efficacité des entretiens (de conseil, ou thérapeutiques). Ils ont aussi pu établir et vérifier, au travers d’études de validation, une liste des conditions dites « facilitant » qui favorisent le développement de la relation d’aide. Au premier rang, de ces conditions figure la capacité d’empathie du conseiller ou de thérapeute. Eprouver de l’empathie permet d’accéder à une compréhension sensible et singulière du consultant, différente de celle du diagnostic qui met de la distance et catégorise. L’empathie relève d’un cadre épistémologique à =où l’observateur fait partie de l’observation. L’empathie joue sur un double lien :
– le lien affectif émotionnel qui unit conseiller et consultant, (l’un des meilleurs prédicteurs de résultats en psychothérapie est la qualité de l’alliance thérapeutique) ;
– le lien affectif cognitif qui consiste à mettre en mots ce qui est ressenti
« L’empathie est la capacité à percevoir le monde de l’autre de l’intérieur, de ressentir les émotions de l’autre sans pour autant s’identifier à l’autre », C. Rogers, 1985. L’empathie exige un engagement affectif et en même temps une juste distance suffisante, pour dire le ressenti sans s’y perdre. Etre en empathie, c’est être touché, très ému par la relation du consultant et, tout en conservant ce lien authentique, avoir le recul nécessaire pour mettre des mots qui vont aider à nommer pour comprendre. C’st donc prendre le risque d’une vraie relation avec ses émotions, ses bonheurs, ses peurs, ses déceptions imprévisibles.
L’empathie est basée sur une écoute clinique non interprétative au plus proche de ce que dit le consultant. Cela nécessite non seulement la conscience et la bonne distance face aux réactions affectives mais aussi la mise à jour des hypothèses qui viennent filtrer l’écoute, des valeurs qui sont les nôtres et qui peuvent entrer en conflit avec celles du consultant en respectant le registre (affectif, cognitif, comportemental, somatique) dans lequel il s’exprime. Cela nécessite une prise de conscience des registres de son expression et des réactions que cette relation éveille en nous.
En résumé, l’empathie est la « faculté fondée sur la conscience de soi, (qui) constitue l’élément fondamental de l’intelligence interpersonnelle », Goleman, 1997. L’absence d’empathie vis-à -vis d’autrui est souvent liée à la psychopathie, la déficience mentale, etc…