EXTRAIT "Ce rapport est le résultat d’une demande faite par la DGESCO pour son conseil scientifique.
A son instigation et sous la responsabilité d’Eric Debarbieux, professeur à l’Université Paris-Est Créteil et président de l’Observatoire International de la Violence à l’École, un groupe international de chercheurs et d’experts de terrain a élaboré cette synthèse « basée sur l’évidence scientifique » et est parvenu à un consensus sur les propositions.
Debarbieux, E., Anton, N. , Astor, R.A., Benbenishty, R., Bisson-Vaivre, C., Cohen, J., Giordan, A., Hugonnier, B., Neulat, N., Ortega Ruiz, R., Saltet, J., Veltcheff, C., Vrand, R. (2012). Le « Climat scolaire » : définition, effets et conditions d’amélioration. Rapport au Comité scientifique de la Direction de l’enseignement scolaire, Ministère de l’éducation nationale. MEN-DGESCO/Observatoire International de la Violence à l’École. 25 pages.
S’emparer de la question du « climat scolaire » n’est pas postuler la dégradation épouvantable de ce climat dans des écoles et des établissements que les élèves français vivraient comme des lieux de violence terrifiante. Rappelons les résultats de deux enquêtes d’ampleur nationale dites « de victimation et climat scolaire ».
La première a été conduite auprès d’un échantillon randomisé de 12326 élèves du cycle 3 par l’Observatoire International de la Violence à l’École (Debarbieux, UNICEF, 2010), la seconde au collège par la DEPP (DEPP, 2011 ; N= 14212). Ces deux enquêtes montrent qu’une très grande majorité des élèves vivent plutôt heureux dans leur école ou leur collège. Ainsi plus de 90% des écoliers ou des collégiens disent se sentir bien ou plutôt bien dans leur établissement, que ce soit en général ou dans la classe.
Un peu moins de 14% des élèves estiment les relations avec leurs enseignants plutôt négatives, que ce soit dans l’enquête de la DEPP ou dans l’enquête de l’Observatoire International. 86% disent ne pas avoir peur à l’école. Cependant les mêmes enquêtes ont mis en évidence combien les problèmes se concentrent sur une minorité d’élèves, souvent soumis à un harcèlement douloureux (les résultats de ces enquêtes ont mis en lumière que 1 élèves sur 10 était victime de harcèlement en milieu scolaire, dont la moitié, soit 5 à 6% des élèves de manière sévère) et pour ces victimes l’école peut être vécue comme un cauchemar.
On rappellera qu’entre 20 et 25% des élèves absentéistes chroniques ne vont plus à l’école par peur de ce harcèlement (Blaya, 2010).
Le lien très fort entre « climat scolaire », qualité des apprentissages, réussite scolaire et victimation à l’école est largement établi par la recherche. Travailler sur la notion de « climat scolaire » est donc bien travailler sur des questions touchant à la construction et à la transmission des connaissances, ce n’est pas un simple ajout plus ou moins utile aux missions « fondamentales » de l’école. Ce lien est d’ailleurs considéré comme un lien rétroactif : ainsi André Giordan (Saltet et Giordan, 2011) insistent sur les effets liés à une évaluation négative ou non travaillées, au couperet des notes
décourageantes.
L’utilisation en France de nouveaux outils de pilotage (enquêtes nationales ou locales de climat scolaire par exemple, qui se développent rapidement depuis les États généraux de la sécurité à l’école) interroge aussi sur les différents niveaux d’action, de l’incitation ministérielle à la gouvernance de l’établissement."