Source :
Accéder au site source de notre article.
Dès les lois de Jules Ferry sur l’école, le calendrier scolaire a été élaboré en fonction des contraintes de la société. Les vacances d’été permettaient aux enfants d’effectuer les travaux agricoles et l’instauration d’une coupure le jeudi autorisait la pratique de la catéchèse en dehors de l’école.
Par la suite, durant les « Trente Glorieuses », le développement d’une société du temps libre et du tourisme a influé sur l’instauration de trois zones pour les vacances scolaires. Il en fut de même pour la disparition des cours le samedi et l’instauration de la semaine des quatre jours. Dans ces différents schémas, l’intérêt de l’enfant est peu pris en compte.
À la fin des années 60 et dans les années 70, la question de l’organisation pédagogique des apprentissages est posée. Il est fortement préconisé d’instaurer des dispositifs laissant plus de place aux activités dites « d’éveil » ou à « l’éducation physique ». Différentes expérimentations comme celle du tiers temps pédagogique sont conduites par l’Éducation nationale.
À partir des années 80, des associations de jeunesse et d’éducation populaire comme les FRANCAS, défenseurs d’une éducation globale qui associe à l’école des activités éducatives hors temps scolaires, vont se faire entendre.
Par ailleurs, les recherches sur la chronobiologie et la chrono-psychologie des chercheurs commencent à porter leurs fruits. La question de l’éducation et des apprentissages est alors posée. L’éducation s’arrête-t-elle à l’école ? Doit-elle
prendre en compte les temps périscolaires ? Comment mieux organiser le temps scolaire ?
La recherche d’un nouvel aménagement du temps de l’enfant
De 1984 à 2000, malgré les changements de gouvernements et de ministres, différentes circulaires vont se succéder. Tous, avec des degrés différents, traduisent une volonté politique d’organiser différemment les temps de l’école et de prendre en compte des activités éducatives complémentaires à l’école.
Cette politique publique d’aménagement des temps de l’enfant pose la question du « comment éduquer l’enfant ? ».
Les modalités des dispositifs et les partenaires peuvent différer, mais l’objectif du développement et de l’épanouissement de l’enfant sera réaffirmé. Les projets doivent permettre de mieux équilibrer la journée, d’adapter les activités au rythme des enfants, de libérer du temps pour pratiquer des activités non scolaires et de promouvoir une politique d’éducation globale
intégrant les activités scolaires et périscolaires.
L’idée que d’autres acteurs issus des collectivités locales ou des associations peuvent contribuer à la réussite scolaire fait son chemin.
Les communes sont le nouvel acteur majeur de cette politique : grâce aux lois de décentralisation, l’investissement des collectivités locales
dans les activités éducatives complémentaires à l’école sera encouragé. En 1990, dans le cadre de la circulaire Bambuck-Jospin, les communes pourront signer avec l’État des contrats d’aménagement du Temps de l’Enfant (CATE), qui
deviendront par la suite des contrats de ville enfant (CVE). Elles pourront cofinancer des activités périscolaires et participer au choix d’aménagement
du temps sur la semaine ou la journée, en accord avec l’inspecteur d’académie et les conseils d’école.
C’est ainsi que la semaine de quatre jours sera expérimentée.
Une expérimentation jamais généralisée
Pourtant, la mise en oeuvre de cette politique restera expérimentale et liée à la volonté et l’engagement des partenaires. Le volontarisme de départ du ministère de la Jeunesse et des Sports qui pilote les dispositifs pendant plusieurs années ne reçoit pas le même écho du côté des services de l’Éducation nationale. L’investissement des collectivités diffère d’une commune à une autre. Les intervenants extérieurs à l’école, notamment associatifs, même avec un agrément, ne seront pas toujours bien accueillis.
Selon les territoires, la mise en oeuvre des circulaires se limitera à une juxtaposition d’activités scolaires et non scolaires. Dans d’autres cas, notamment là où les collectivités décideront de s’investir à partir d’une réflexion globale, on pourra voir apparaître de véritables projets éducatifs locaux (PEL) intégrant l’ensemble des partenaires (État, collectivités, CAF, FAS), des dispositifs et actions éducatifs en faveur des enfants.
Mais peu à peu, les moyens gérés par le ministère de la Jeunesse et des Sports pour les contrats éducatifs locaux (CEL) vont diminuer sensiblement, laissant les collectivités décider de leur projet et l’école revenir au centre du jeu.
La question de la semaine de quatre ou cinq jours ne cessera d’être posée.
Après 2007, l’Éducation nationale se recentrera sur ses propres dispositifs avec « l’accompagnement éducatif » mis en oeuvre dans les établissements
scolaires par les enseignants, avec ou sans les partenaires associatifs, sans pour autant y consacrer les moyens nécessaires.
Toutes les études et rapports démontrent qu’un aménagement du temps est bénéfique pour l’épanouissement et la réussite scolaire de l’enfant. Néanmoins cette politique bouscule les pratiques et positionnements mais aussi les intérêts et les enjeux des différents acteurs.
L’avis de la fédération UNSA Éducation !
Pour réussir, une politique de l’aménagement du temps de l’enfant suppose un certain nombre de conditions :
• l’entente de tous les acteurs sur une nouvelle conception de l’Éducation ;
• l’acceptation de la coéducation ;
• la reconnaissance des acteurs comme partenaires à égalité ;
• la co-construction d’un projet éducatif ;
• la professionnalisation et la qualification des acteurs extérieurs à l’école au même niveau que les enseignants ;
• les moyens financiers ;
• la mise en oeuvre d’une gouvernance avec l’ensemble des partenaires, le projet devenant le pilote ;
• l’accompagnement des acteurs en termes notamment de formations ;
• la concertation entre les différentes parties prenantes qui n’ont pas toutes les mêmes intérêts.