ADAPTATION :
Le concept d’adaptation a subi l’empreinte des travaux de Spencer, Darwin et C.Bernard. C’est une notion centrale de la psychologie depuis la fin du XIX’ siècle où l’on admettait une conception de l’être vivant reçue de la biologie évolutionniste.
Adapter, respecter les différences ou développer la personnalité?
Selon J. Ellul, 1990, l’homme doit être adapté pour être heureux, autrement dit toute recherche concernant le bonheur de l’homme et le développement de sa personnalité dans le monde actuel n’est en définitive qu’une recherche d’adaptation. La diversité et la richesse des conduites développées par l’homme au cours de sa genèse lui assurent un pouvoir d’adaptation inégalée dans le règne animal. Les capacités d’adaptation de l’homme sont en effet très importantes. Il est non seulement capable de tenir compte de l’environnement mais d’agir sur lui et de le modifier pour y vivre et en tirer profit. C’est ce qui a fait écrire à F. Jacob, 1988,que l’homme était une « machine à apprendre ». Du point de vue de la logique du vivant, l’adaptation se fait par "individuation psychique et collective ", G. Simon don, 1989, notamment au travers des interactions sociales et affectives. l’individuation est aussi une adaptation. Chez l’homme, ces possibilités d’individuation sont poussées au plus haut point.
Comment s’adapter au changement du monde? J. Vassileff, 1992, oppose l’adaptation comme intériorisation d’un système de valeurs hétéro-finalisées à la projection comme extériorisation d’un système de valeurs auto-finalisées: « elle consiste à donner du sens à ses actes… à partir de ses propres valeurs, de ses propres conceptions". D’autres auteurs opposent l’adaptabilité qui s’inscrit dans une démarche collective de développement des compétences qu’appelle la création d’emplois nouveaux à l’employabilité, terme appartenant à une rhétorique qui renvoie à la seule responsabilité de l’individu dans son parcours de formation.
L’ambiguïté du concept d’adaptation est soulignée également par H. Hannoun, 1995, qui oppose les « thèses sociologistes de l’adaptation" : le moi aspire à s’intégrer à la société,conçue à la fois comme une norme et comme une valeur,aux « thèses psychologistes de l’épanouissement": les exigences du moi qui conduisent à identifier société et valeur peuvent être un obstacle à l’épanouissement, cette adaptation implique, selon l’auteur, deux processus distincts, bien décrits par J. Piaget, 1975, dans « l’équilibration des structures cognitives,,: l’assimilation et l’accommodation. "Une adaptation assimilatrice, lorsque l’homme, afin d’assurer sa survie, prend l’initiative d’une transformation de son environnement qui, d’obstacle, devient ressource et moyen de survie; une adaptation accommodatrice, lorsque l’homme doit se transformer lui-même, afin de s’adapter aux conditions que l’environnement lui impose". En un mot, « s’adapter c’est se plier à la réalité, mais aussi plier la réalité »…