Décider, signifie étymologiquement parlant, trancher.
Une situation-problème se définit par un ensemble de données, d’informations sur le sujet et son environnement ; un ensemble de questions qui précise le but à atteindre et un ensemble de contraintes qui délimitent les possibilités de choix du sujet. Une approche cognitive de la prise de décision s’attache à mettre en évidence les représentations, les processus de traitement de l’information et les stratégies de résolution de problèmes. La notion de « style de décision » apparie à la fin des années soixante, a été interprétée par M. Reuchlin et F. Bacher, 1989, dans le cadre de la problématique du « style de conduite », avec la double dimension cognitive et conative.
De nombreux travaux conduisent les chercheurs actuels à valoriser des modèles multifactoriels du processus décisionnel. Parmi les recherches centrées sur les mécanismes de la prise de décision, les modèles statistiques se sont développés depuis les années 1950 et sont théorie des jeux et des probabilités pour analyser le processus décisionnel qui dépendrait de deux dimensions :
– la probabilité de voir apparaître tel ou tel évènement (probabilité subjective) ;
– le degré de désirabilité de cet évènement (utilité).
Chaque possibilité est affectée d’un coefficient (probabilité d’apparition multipliée par le degré de désirabilité), la décision à prendre correspond au choix de la possibilité, affectée du coefficient le plus élevé, dans le but de maximiser ses gains.
De tels modèles rationnels, pour aussi intéressants soient-ils, négligent cependant la part d’irrationnel et d’affectif que comporte toute prise de décision. Comme le dit E. Morin, « il y a, dans l’esprit humain comme dans la réalité quelque chose d’a-formalisable, d’a-logique, d’a-théorisable ». La vie c’est d’une certaine manière : l’implicite, l’irrationnel et l’imprévisible. Le cognitif, le moteur, et l’émotionnel sont intimement liés, fonctionnant comme des « éléments parallèles distribués », où la prééminence de la raison raisonnante fait problème.
A.R. Damasio dans L’erreur de descartes, 1994, éclaire d’un jour nouveau les processus de raisonnement à partir des travaux récents en neurologie : « Les émotions ne sont pas du tout des éléments perturbateurs pénétrant de façon inopportune dans la tour d’ivoire de la raison ; autrement dit, il est probable que la capacité d’exprimer et de ressentir des émotions fasse partie des rouage de a raison pur le pire et le meilleur ». les émotions jouent plusieurs rôles, dans la régulation des processus physiques,e t dans la conduite des raisonnements, notamment dans ˜aptitude particulière à prendre des décisions de manière avantageuse.
L’approche phénoménologique de la prise de décision où le calcul prend peu de place met l’accent sur la créativité, la vigilance. L’incertitude est considérée comme une vertu stimulante (Berthelot J.M, 1996) et plutôt que de proposer une façon de prendre la bonne décision, il est proposé de décider en saisissant, voire en créant les opportunités avec un esprit en éveil. Le comportement face au risque est l’un des déterminants de la prise de décision. Une sociologie des « erreurs radicales persistantes et collectives » illustre le fait qu’en matière de gestion des ressources humaines notamment, des décisions sont « absurdes », C. Morel, 2002.