In Cren Mai 2011 :
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Les lycées professionnels, qui scolarisent aujourd’hui un tiers des lycéens français, ont connu depuis leur origine une grande instabilité institutionnelle. Ils ont porté quatre noms différents (Centres d’apprentissage en 1944, Collèges d’enseignement technique en 1959, Lycées d’enseignement professionnel en 1976, Lycées professionnels en 1985), leur niveau d’entrée s’est déplacé trois fois (après le certificat d’études primaires jusqu’en 1963, après la cinquième jusqu’à la fin des années 1980, mais aussi après la troisième depuis 1966), et ils ont préparé trois diplômes différents (le CAP jusqu’en 1966, le CAP et le BEP de 1966 à 1985, le CAP, le BEP et le Baccalauréat professionnel depuis 1985). Cette instabilité tient pour l’essentiel au positionnement particulier de ces établissements : conçus pour répondre aussi étroitement que possible aux besoins en ouvriers et employés qualifiés du marché du travail, ils sont aussi des
établissements scolaires à part entière organisés selon les objectifs et les normes de l’éducation nationale (PELPEL & TROGER, 2001). Leur évolution obéit donc à deux logiques différentes : une logique professionnelle étroitement liée aux évolutions du marché du travail, et une logique scolaire, qui dépend des politiques éducatives. Ainsi, bien que le recours au diplôme pour certifier les qualifications ouvrières soit en France une pratique ancienne (BRUCY, 1998), les diplômes professionnels n’ont pas le même usage ni la même valeur sur le marché du travail et dans la sphère scolaire : alors qu’ils sont plus ou moins associés à un niveau de qualification et de rémunération sur le marché du travail, ils correspondent plutôt à des sas de passage dans des formations de niveaux supérieurs dans le système éducatif. Cette double finalité est clairement énoncée par le code de l’éducation : « Les formations professionnelles du second degré associent à la formation générale un haut niveau de connaissances techniques spécialisées.