PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

CAPITAL HUMAIN

« L’analyse des conditions du progrès technique met la formation au rang des causes bien autant que des conséquences de l’évolution de notre économie », lit-on dans un texte préparatoire au VIe Plan, 1971.L’idée que la qualité du « capital humain » est une des conditions de la performance économique, était déjà présente, il y a une trentaine d’années chez les décideurs politiques et administratifs, bien avant que l’on parle « d’économie fondée sur la connaissance », (loi du 16juillet 1971 sur la formation professionnelle continue dans le cadre de l’éducation permanente).

La théorie du capital humain repose sur l’idée que certains attributs humains ont la propriété d’un capital, c’est-à-dire acquises ou conservées durant la vie entière. Il est possible d’acquérir ou de maintenir ces capitaux en y consacrant des ressources (investissements) qui ne produiront qu’ultérieurement des effets positifs. Ainsi, les formations, initiales ou en cours de vie active, constituent des investissements en capital humain dont une des conséquences attendues est un gain de salaire supposé compenser avec profit les coûts supportés par l’individu. L’importance des gains est dont en rapport avec le volume de l’investissement.

Pour la formation en cours de vie active, H.-S. Becker, 1964, distingue les investissements réputés spécifiques (qui ne sont reconnus que dans une ou quelques firmes) des investissements généraux qui sont valables partout dans les systèmes économique. Ces investissements peuvent notamment prendre deux formes : apprentissage formalisé ou apprentissage sur le tas. Le premier correspond, entre autres, à la formation professionnelle continue. D’ou l’intérêt, pour pouvoir correctement l’étudier, de prendre aussi en compte les autres formes d’investissements dans des fonctions de gains : l’expérience professionnelle pour les investissements généraux, l’ancienneté dans l’entreprise pour les investissements spécifiques.

Les investissements généraux doivent être financés par l’individu car sinon la firme courrait le risque de voir le salarié partir chez un autre employeur avant qu’elle ait eu le temps de récupérer sa dépense ; les investissements spécifiques en partie par la firme et en partie par l’individu de façon à ce que, ni ce dernier ni la firme n’aient intérêt à rompre la relation d’emploi dans la période qui suit l’investissement.

Pour que le « contrat » de formation soit réalisable, il faut donc qu’il réponde à l’exigence de participation entre les parties (l’utilité de l’agent doit s’accroître si son effort augmente, G. Brousseau, 1993). Ce faisant, l’individu et la firme doivent tous deux bénéficier des effets de la formation professionnelle continue. Par ailleurs, des travaux récents montrent que la firme peut aussi avoir intérêt à financer des investissements généraux, F. Stankiewicz, 1995.

Les experts de l’ OCDE, 2001, établissent une corrélation entre capital social, capital humain, développent économique et accroissement du bien-être individuel : « chaque année supplémentaire d’études à plein temps est associée à un accroissement de la production par habitant d’environ 6 %… Une année supplémentaire d’études se traduit par une rémunération en moyenne supérieure de 5 à 15 % », (Du bien-être des nations – le rôle du capital humain et social).

La sociologue de P. Bourdieu, 1997, mobilise le concept de « capital » pour l’analyse des processus de reproduction et de domination sociales. Dans cette conceptualisation, ce qui importe , c’est autant le volume de chaque type de capital possédé que la structure globale de ces capitaux hérités ou acquis. Il y a donc différents types de capitaux qui font apparaître le cycle de la « reproduction » qui est le cercle de l’accumulation de ces différents capitaux. D’une part, le « capital économique », financier ou matériel, fait de revenus divers, de patrimoines mobiliers et la transmission de ce capital économique entre générations.

P. Bourdieu fait aussi référence au « capital social » qui est l »ensemble des relations sociales utiles pour conforter ou développer sa situation sociale ou professionnelle, puis au « capital scolaire » qui représente les diplômes ^possédés par les parents et acquis par la descendance. Dans ces différents exemples, la structure et le volume des capitaux autorisent des stratégies sociales, des investissements sociaux différentiels pour des stratégies de survie, de développent ou de promotion des individus. « Toute espèce de capital (économique, culturel ou informationnel, social) tend (à des degrés différents) à fonctionner comme capital symbolique (en sorte qu’il vaudrait peut-être mieux parler, en toute rigueur, d’effets symboliques du capital) lorsqu’il obtient une reconnaissance explicite ou pratique… ».

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