Choix professionnel
Parfois synonyme de choix vocationnel, avec lequel il est confondu, le choix professionnel est l’expression d’une intention d’entrer dans une occupation donnée.
J.-0 Crites, 1969, en évoquant le choix vocationnel, distingue le choix, la préférence et l’aspiration. En faisant un choix, la personne tient compte des facteurs personnels et situationnels qui peuvent faciliter ou compliquer l’entrée et le progrès dans une occupation, et elle décide de s’engager dans celle qui lui semble la plus susceptible de lui apporter succès et satisfaction (le réalisme du choix professionnel étant un indice de maturité vocationnelle.)
En exprimant une préférence, la personne indique quelle occupation elle préfère, dans quelle occupation elle aimerait s’engager su certaines contingences, matérielles par exemple, ne venaient pas lui bloquer l’accès à cette occupation.
En formulant une aspiration, la personne se laisse aller à sa fantaisie et songe à ce qu’elle aimerait faire si elle pouvait avoir accès à l’occupation qu’elle considère comme idéale, (Bujold C., 1989).
M. Huteau, 1982, fait appel à une problématisation des préférences professionnelles issues de la théorie de la dissonance cognitive de L.Festinger (1975) . Tout se passe comme s’il y avait une comparaison de la représentation des métiers et de la représentation de soi, pour permettre l’expression des préférences. Lorsqu’il y a dissonance entre les deux représentations, le projet professionnel est rejeté.
Dans le cas d’une consonance, il est retenu. Quand l’accord est seulement moyen, il y a réélaboration des représentations. Huteau insiste sur deux points : une mauvaise image de soi inhibe la décision ; le choix est un idéal qui permet un dépassement de soi, un progrès personnel. Pour cet auteur, « la conduite de l’homme, la plupart du temps, n’est pas directement déterminée par les situations dans lesquelles il se trouve, mais principalement par la représentation qu’il se fait de ces situations, compte tenu de son expériences passée et de ce qu’il sait de lui-même ».
Au début du siècle, on a cru que le choix professionnel revêtait un caractère de permanence. Par la suite,on a montré que les préférences professionnelles sont l’aboutissement d’une élaboration qui intègre au fur et à mesure le développement intellectuel, affectif et social de l’adolescent, les données mouvantes de la connaissance de soi et du monde environnant.
Pour B. Dumora (1990), les choix professionnels résultent d’une mise en tension progressive entre le moi, les représentations professionnelles et l’auto-évalutation. Son modèle tient compte de l’expérience scolaire dans la détermination des projets d’avenir et débouche sur un « espace clinique de compréhension des processus de choix ».
D’autres approches mettent l’accent sur les rapports entre construction de la personnalité et choix professionnel. De façon générale, le choix professionnel et le développement de carrière s’insèrent dans un système beaucoup plus complexe où doivent être prises en compte les fonctions économiques, technologiques, sociales, et d’aptitudes, etc. qui varient selon les moments et les circonstances.
Le choix professionnel reflète ainsi les motivations, les connaissances, la personnalité et les compétences de l’individu. C’est un processus interactif entre les types de personnalité et les types d’environnement (ce qui relativiserait la notion de stade).
Le concept de « choix », lié à l’idéologie individualiste doit être relativisé. Il n’y a jamais de choix absolu, ni totalement livre, ni entièrement sous contrainte. Il s’agit généralement dans le contexte d’une orientation à prendre, plus d’un résultat d’interactions sociales que d’un jugement purement rationnel fondé sur une recherche objective d’informations. Choisir amène toujours chacun de nous à naviguer entre ses rêves et la réalité,,entre désirer et pouvoir, entre possible et probable, entre liberté et contrainte, entre besoin de sécurité et goût du risque. Choisir, c’est pour le dire autrement, optimiser sous contraintes, et bine évidemment, moins il existe de contraintes et mieux l’individu optimise.
C’est un acte révélateur de tous les paradoxes de la vie, qui justifie la nécessité d’un apprentissage, d’un acte éducatif, R. Solazzi, 1997,.
Ainsi on peut se projeter dans l’avenir de diverses manières et distinguer plusieurs profils de choix : le chois négatif ( exprimé comme tel ) ; le choix accepté mais diffus (faute de mieux) ; le choix réfléchi et assumé ; la vocation comme impérieuse nécessité intérieure, J. Schlanger, 1997.
Tout choix est un renoncement qui implique un processus de deuil sur des possibles qui ne verront jamais le jour.