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Entretien Kambouchner, Meirieu, Stiegler – 1e partie : écriture et numérique
A Skhole, nous soutenons d’une part que les institutions proprement scolaires sont historiquement et constitutivement liées à la longue histoire de l’écriture, dans ses étapes successives, et à l’histoire du savoir qu’elle supporte. D’autre part, nous pensons que la période actuelle – XXe et XXIe siècles – se caractérise par un certain « retrait » de l’écriture, du moins sous sa forme livresque ou lettrée, et par le passage d’un « monde sur papier » (Olson) à un « monde sur écran », passage dans lequel nous voyons une mutation « civilisationnelle » aussi importante au moins que celle qui accompagna le développement de l’imprimerie.
Ces deux thèses nous paraissent de nature à éclairer ce que l’on peut qualifier de « crise » profonde des institutions scolaires, tant du point de vue de leurs finalités ou fonctions que du point de vue de leur modalités d’exercice. C’est d’abord sous cet angle que nous avons voulu interroger nos trois invités.
Entretien Kambouchner, Meirieu, Stiegler – 2e partie : l’école dans la société de la connaissance
On entend beaucoup parler d’ "économie de la connaissance". Devenir la première d’entre elles, tel est le but explicite de l’Union Européenne depuis la fameuse « stratégie de Lisbonne ». Il s’agirait de bâtir avant tout une économie fondée sur la « valeur ajoutée » de « l’intelligence », seule organisation à même de préserver notre « modèle social » face à la concurrence mondialisée. D’où un discours enthousiaste nous promettant un Eldorado numérique.
Or il nous semble à Skhole.fr que les mutations en cours sont en réalité profondément ambivalentes et encore largement indéterminées. Economie de la connaissance ne rime pas nécessairement avec développement de la culture, mais aussi bien, et peut-être d’abord, pour le moment, avec prolétarisation des esprits.
Ainsi nos trois interlocuteurs en appellent à un usage éclairé des nouvelles technologies de l’information et du numérique, ce qui implique nécessairement une formation exigeante, c’est-à-dire méthodique et encadrée. Cette formation ne peut à leurs yeux se cantonner à un usage purement instrumental de ces outils, et doit donc s’inscrire dans un projet global de formation de l’individu au savoir, dont elle ne peut être dissociée. C’est à cette condition qu’il sera possible de faire des nouvelles technologies de l’information et du numérique des instruments du développement de la culture, et non pas d’abord d’adaptation passive à des exigences économiques.
Entretien Kambouchner, Meirieu, Stiegler – 3e partie : l’école et l’idéal démocratique
Il apparaît que les systèmes scolaires modernes sont par principe traversés par des tendances et des fonctions pour partie contraires, entre la (re)production du corps social et le développement personnel de l’individu, entre la domination et l’émancipation, la « sélection » et l’ « égalité des chances », etc. Tensions portées au plus haut point peut-être dans les sociétés démocratiques et hyper-médiatiques qui sont les nôtres.
Nous avons donc demandé à nos trois interlocuteurs comment il faudrait selon eux négocier aujourd’hui entre ces tendances et ces objectifs, à la fois du point de vue de l’orientation, des curricula et des méthodes pédagogiques, de telle sorte que l’école démocratique ne soit pas simplement une école de masse, insatisfaisante à tous égards.