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La grande leçon des psychologues du développement (Piaget, Wallon, Vygotski), c’est d’une part que personne n’apprend seul et d’autre part qu’on ne peut faire l’économie de reconstruire pour soi-même la chose à comprendre. En matière d’apprentissage, il faut affronter le chaos avant d’accoucher d’une étoile qui danse, beaucoup « errer », explorer les chemins de traverse, identifier les impasses avant de trouver la voie : « la vérité n’apparait évidente qu’après coup » (Bachelard). Vouloir embarquer tous les élèves dans l’aventure du savoir exige d’en créer les conditions. Ce qui a des incidences sur la conduite de la leçon : opter pour un pilotage délibéré du point de vue des élèves les plus fragiles ; être moins soucieux d’obtenir la bonne réponse que de révéler les moyens d’y parvenir ; pousser au dévoilement du travail intellectuel opéré par les uns et les autres ; renvoyer la validation des propositions à la réflexion collective. Comment former à l’autonomie intellectuelle si ce n’est en l’exerçant au quotidien ? Il s’agit de viser la formation de sujets émancipés, intellectuellement autonomes mais aussi socialement reliés. Ce qui nécessite de constituer la classe comme collectif solidaire autour des apprentissages : apprendre ensemble dans une visée de promotion collective, se frotter à la double altérité de ses pairs et des objets du patrimoine culturel à saisir, éprouver ses limites et l’indispensabilité des autres pour son propre développement. S’approprier des outils de compréhension et d’action sur le monde, se confronter collectivement à la résolution de problème, relever des défis, exercer imagination, créativité et raison polémique n’est pas sans lien avec l’apprentissage de la citoyenneté. Expérimenté à divers niveaux de scolarité, au dire des collègues engagés dans cette aventure, cela construit des ambiances de classe où le plaisir d’apprendre fait écho au renouveau du plaisir d’enseigner.