In La vie des idées, le 2 octobre 2009 :
Accéder au site source de notre article.
François de Singly et Danilo Martuccelli rappellent combien la prise en compte des individus a constitué un défi épineux à l’analyse sociologique. Mais ils montrent surtout que cela n’a pas empêché l’émergence récente d’un sous-champ disciplinaire centré sur cette question, dont ils présentent plusieurs résultats ainsi que les méthodes.
Les sociologues n’ont cessé d’être embarrassés par la question de l’individu. Apparente évidence de l’expérience immédiate, cette notion n’en est pas moins chargée d’une profonde ambivalence. Émile Durkheim, le fondateur institutionnel de la sociologie française, inscrivait ainsi sa discipline autant contre le déterminisme biologisant très influent à son époque que contre la psychologie , chacun porteur d’une certaine morale. Pour lui, « la première règle et la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses » (Les règles de la méthode sociologique), autrement dit porter l’analyse au niveau des appartenances collectives, à l’aide notamment des outils statistiques, pour y repérer les déterminations premières des agissements humains, indépendamment des désirs et affects individuels.