À l’articulation du public et du privé, l’accueil des tout jeunes enfants est devenu un enjeu de société: véritable défi pour les politiques, les collectivités territoriales et les parents.
Le vingtième anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant incite aux réflexions sur la petite enfance et à l’examen de la place que notre pays fait aux futures générations.
Les rapports parlementaires succèdent aux prises de positions gouvernementales, les revirements ne sont pas rares sur ces questions qui touchent à l’économie, au social, au relationnel, et qui doivent évoluer avec les mutations de la famille, la crise financière et les revendications de parité homme-femme. L’opinion publique est particulièrement sensible à ces questions. L’enfant d’aujourd’hui est à la fois rare et précieux et les exigences le concernant sont très vives. L’enfance est investie bien au-delà d’une simple phase de la vie, phase de maturation à encourager et protéger. Désormais considéré « comme une personne» dans sa famille, l’enfant ne grandit plus au sein de sa seule sphère familiale mais les tiers concourant à son éducation sont légion. Le taux d’activité professionnelle féminine ayant doublé en quarante ans, l’accueil des jeunes enfants (on ne dit plus la garde) est traité aujourd’hui comme un véritable enjeu de société; son amélioration est visée par les décideurs politiques confrontés aux attentes de leur électorat, aux nécessités de lutter contre les fatalités sociales et familiales et d’assurer le mieux possible l’éducation et le développement de l’enfant, quels que soient son origine, ses particularités, et ses handicaps.
En un demi-siècle, les modes de garde des 0-3 ans ont certes progressé, la France se situant en Europe parmi les pays qui prennent des dispositions pour la conciliation vie familiale, vie professionnelle et pour aider financièrement les familles et pour augmenter l’offre de services de garde collectifs ou individuels, en faisant coexister logique publique et logique privée. On estime ainsi qu’entre 1969 et aujourd’hui le nombre de places en établissement d’accueil est passé de 36 000 à 320 000, chiffre pourtant largement insuffisant puisqu’il marque un écart d’environ 300 000 places par rapport aux besoins exprimés.