En cette période où le gouvernement français use et abuse des classements et évaluations pour légitimer sa politique de démembrement du système éducatif, les tests PISA (pour Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves) mis en place au niveau des pays de l’OCDE depuis maintenant 9 ans ont de quoi éveiller toutes les craintes.
Si l’on rajoute à cela la fâcheuse habitude des principaux médias à n’utiliser que l’information la plus anecdotique (le classement final qui détermine qui sont les « premiers de la classes » parmi les pays concernés), on ne peut à première vue qu’abonder dans le sens d’un certain scepticisme envers ce type de tentative de comparaison internationale en termes d’éducation.
Et pourtant PISA ne sert pas uniquement à produire un palmarès des systèmes éducatifs : les résultats de ces tests peuvent aussi éclairer sous un jour nouveau les questions que nous pose notre propre système d’éducation à l’échelle nationale. C’est à nous convaincre de la portée de cette proposition que s’attachent, dans leur nouvel ouvrage, Christian Baudelot et Roger Establet.
Les deux auteurs sont familiers de l’utilisation des données issues de ces tests, qui occupaient déjà une part importante de leur précédent ouvrage [2]. Aussi, le présent livre s’ouvre sur un exposé des méthodes utilisées pour le recueil des données et de la philosophie générale des épreuves.
Cette présentation entre d’ailleurs en résonance avec une série d’article déjà parus sur La Vies des idées.fr, site relié à la maison d’édition à l’origine de la parution de ce nouvel ouvrage. Dans cette partie introductive au titre évocateur (« Qui a peur de PISA ? »), les auteurs reviennent aussi sur les problèmes de réception des résultats de ces tests en France, où les résultats de PISA sont souvent perçus comme une tentative d’homogénéisation des modèles éducatifs selon les principes de l’OCDE. Ils proposent alors de prendre une perspective inverse : soit, la philosophie générale à l’origine des test PISA diffère largement de celle qui informe la conception de l’école primaire et secondaire française, mais l’analyse rigoureuse de cette différence et des comparaisons établies grâce à ces tests ne pourrait-elle pas permettre de mieux comprendre les forces et faiblesses de notre propre système scolaire si jalousement gardé ?