Introduite en France en 1880 par J.Ferry, qui s’inspirait là de l’exemple américain. Pour les sciences, les instructions recommandaient de partir de l’expérience. Pratiquement et dans le meilleur des cas, on part effectivement d’un objet ou d’un fait observé. Mais le choix est arbitraire et imposé par la progression même du manuel. L’observation est dirigée, collective et ne dépasse pas la constatation des faits: apparence perçue, mesure des déplacements ou des changements de volume et de poids, etc, mais l’explication est apportée de façon magistrale. Le schéma tout fait remplace rapidement l’observation et l’action sur les choses. Un résumé est donné et appris.
Les Instructions officielles du 20 juin 1923 évoquent: « La méthode intuitive et inductive partant des faits sensibles pour aller aux idées; méthode active faisant un appel constant à l’effort de l’élève et l’associant au maître dans la recherche de la vérité ». Celles du 30 septembre 1938 parlent « d’un enseignement moins formel et plus proche de la vie », (promenades, visites de chantiers ou d’usines). De même, en 1945 (Instructions officielles du 7 décembre 1945), l’observation est l’objet d’une recommandation: « Apprendre à observer doit être l’un des principaux soucis de nos éducateurs ».
La leçon de choses » issue de J.J Rousseau et de J.H Pestalozzi, est devenue un, sinon le, canon pédagogique de la Troisième République. A côté du savoir lire, écrire, compter, l’école primaire enseigne « les leçons de choses, le dessin, les notions d’histoire naturelle, les musées scolaires, la gymnastique, les promenades scolaires, le travail manuel, la musique chorale qui y pénétreront à leur tour…Pourquoi tous ces accessoires? Parce qu’ils sont à nos yeux le principal, parce qu’en eux réside la vertu éducative… »
Avant qu’elle de devienne « activité d’éveil », après 68, la leçon de choses a marqué les esprits au point d’influencer la littérature: « Colette, Jules Renard et même Giraudoux portent l’empreinte de cette approche spécifique du réel et des particularités de ces séances d’observation. Le fait s’apprendre par cœur de courts résumés aux phrases brèves mais très descriptives a également eu des effets sur leur style », Lazlo, 1993.