[*« La jeunesse n’est qu’un mot », écrivait le sociologue Pierre Bourdieu1 en 1978.*] De fait, si la grande majorité des commentateurs considère que parler « des jeunes » va de soi, l’affaire est bien plus compliquée qu’on le dit souvent. Pour de nombreuses raisons, les jeunes ne forment pas un groupe unifié avec des pratiques et des valeurs si communes que cela.
Tout d’abord, parce que personne ne sait dire vraiment à quel âge on doit parler de jeunes. Où finit l’enfance et quand commence la jeunesse ? L’adolescent est-il vraiment un jeune ou reste-t-il un enfant ? En pratique, on utilise souvent la tranche commode des 15-24 ans. On aurait pu tout aussi bien adopter l’âge de la majorité légale, 18 ans, comme limite basse, un âge à partir duquel le nombre de personnes sorties du système scolaire commence à augmenter nettement.
Tous les scientifiques n’adoptent pas les mêmes concepts. Certaines études sur les adolescents traitent des 11-19 ans, mais parlent aussi de « jeunes ». De même, il est difficile de mettre une fin à la jeunesse. Ainsi, on peut penser que 28 ans – l’âge moyen, en France, des mères à la première naissance – serait un bon indicateur de l’achèvement de cette période.
Les hésitations des politiques publiques vis-à -vis des limites d’âge au cinéma est symbolique de cette recherche d’une forme d’âge adulte, avec toute la difficulté de la définition de critères : tout le monde est d’accord sur la nécessité de fixer une barre, mais où la placer ? Dans son ouvrage « Les jeunes »2, l’Insee allonge l’âge de la jeunesse, tant 24 ans ne semble plus être une barre pertinente… et traite des 15-29 ans. Par commodité, nous reprendrons dans l’ensemble des fiches le plus souvent la fourchette 15-24 ans qui demeure la plus utilisée, même si, dans les faits elle n’est pas toujours la plus conforme à la réalité sociale.
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