29/09/2105- 14h45- Elément principal de la « priorité donnée au primaire » par le ministère, le dispositif plus de maîtres que de classes (PDM) doit permettre d’améliorer nettement le niveau des élèves de l’éducation prioritaire. Le Comité de suivi du dispositif a préparé un nouveau rapport que le Café pédagogique s’est procuré… Découvrez ses recommandations.
Pilier d’une refondation qui pointe l’urgence d’un effort pédagogique dans l’enseignement primaire, le dispositif Plus de maîtres que de classes (PDM) veut, selon la circulaire de 2012 qui l’a créé, « mieux répondre aux difficultés rencontrées par les élèves et de les aider à effectuer leurs apprentissages fondamentaux, indispensables à une scolarité réussie… Il s’agit de prévenir la difficulté scolaire, tout au long de la scolarité primaire, et d’y remédier si elle n’a pu être évitée. L’action sera prioritairement centrée sur l’acquisition des instruments fondamentaux de la connaissance (expression orale et écrite, mathématiques) et de la méthodologie du travail scolaire ». La circulaire cadrait d’ailleurs le déploiement des 7000 postes prévus par la loi d’orientation en évoquant un « projet rédigé par l’équipe pédagogique sous l’autorité du directeur d’école est validé par l’inspecteur de l’éducation nationale (IEN) chargé de la circonscription ». Pour le ministère, le dispositif « doit permettre la mise en place de nouvelles organisations pédagogiques, en priorité au sein même de la classe ».
En juillet 2014, l’Inspection générale publiait un rapport assez sévère sur le PDM. Les inspecteurs notaient que » la co-intervention ne va pas de soi et, quand elle est efficace, elle est le produit d’une réflexion partagée en amont (vision claire des objectifs à atteindre, connaissance des besoins des élèves), d’un ajustement réciproque des conduites au cours de la séance, de la recherche d’une optimisation du temps d’enseignement pour chacun des élèves ». Et ils préconisaient un encadrement beaucoup plus strict du dispositif.
C’est que les attentes sont très fortes pour ce dispositif. En juin 2015, Marc Douaire, président de l’Observatoire des zones prioritaires, parlait de « la réforme cachée de l’éducation nationale ». Subrepticement, presque en douce, le dispositif « fait bouger les lignes sans provoquer de raidissement ». D’où le grand intérêt porté par les syndicats et les acteurs de l’Ecole pour un dispositif qui, pour une fois, fait l’unanimité. Le comité de suivi peut ainsi regrouper les principaux syndicats du primaire avec la Dgesco, l’Inspection et la Depp.
A la rentrée 2015, 2360 emplois sont réservés aux PDM soit 397 de plus qu’en 2014. On est encore très loin des 7000 promis pour 2017, un nombre qui risque fort de ne jamais être atteint.
Que sait on de l’efficacité ? Pas grand chose. Une enquête menée auprès des enseignants des PDM marque surtout la satisfaction des enseignants pour l’aide apportée à gérer les groupes d’élèves et particulièrement les inattentifs et les perturbateurs. « Tous soulignent l’amélioration du climat de classe », souligne le rapport, ce qui est effectivement un résultat nécessaire pour améliorer les résultats des élèves. En conséquence, l’attention et l’engagement des élèves augmentent. Le travail collectif des enseignants est lui aussi crédité positivement. Le rapport estime que l’affectation d’un PDM favorise le travail collectif.
Par contre le comité juge négativement les services partagés. Il recommande de ne pas aller au delà de deux écoles pour un PDM. Il recommande aussi d’affecter les PDM en éducation prioritaire et dans « des écoles repérées comme ayant des besoins similaires », c’est à dire des écoles qui devraient être en REP. Il réaffirme que la priorité doit être donnée au cycle 2.
Sans intervenir dans les différents dispositifs en classe, le comité juge « essentiel qu’aucun élève ne soit privé de la continuité des apprentissages en classe » : autrement dit le PDM ne doit pas sortir de la classe un groupe d’élèves. Actuellement un quart des PDM sont en co-enseignement et 64% en co-intervention, dont presque la moitié dans un local séparé).
« Le comité recommande aux équipes d’école accompagnées par les équipes de circonscription, de veiller attentivement à l’adéquation de la mise en œuvre du dispositif aux objectifs pédagogiques et didactiques définis dans le cadre du travail collectif. Il réaffirme la nécessité d’accompagner les équipes dans la définition des objectifs pédagogiques et des modalités d’enseignement à privilégier pour que les élèves tirent le meilleur parti de la présence d’un maître supplémentaire », ce qui donne à penser que bien des problèmes persistent sur le terrain.
François Jarraud
La réforme cachée d el’Education nationale
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