PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Septième article développant ma conférence à Caen, NOUVEAUX PARCOURS POUR S’ORIENTER, Développer la capacité à s’orienter du collège au lycée, et tout au long de la vie.

Je démarre ici la deuxième partie de cette intervention que je n’ai pas pu totalement exposer. Comment l’éducation à l’orientation entre-t-elle à l’éducation nationale, et quelles résistances y rencontre-t-elle ? Je commencerai par la « préhistoire ».

La préhistoire et déjà ses ratées

Dans un article récent, Etre orienté ou s’orienter : l’orientation professionnelle, un enjeu éducatif et démocratique, Philippe Meirieu écrit ceci : « une démocratie est une société où nul n’est assujetti à occuper une place décidée par d’autres, mais où chacun est convié à faire ses choix de vie dans un collectif solidaire où sont garantis ses droits fondamentaux. Où chacun est convié, non pas à « être orienté », mais bien à « s’orienter ». A ma connaissance, c’est la première fois que Philippe. Meirieu s’exprime sur l’orientation, et je pense que tout est dit, mais que cette démocratie est bien longue et difficile à s’installer réellement.

Je propose donc de commencer par les premières tentatives de mise en œuvre dans l’éducation nationale non pas par des expérimentations personnelles, il y en a eu bien sûr, mais par des textes ministériels.

L’objectif du collège

Alain Savary, comme je l’ai indiqué a profondément modifié les procédures d’orientation, et en 1983, il publie un texte (circulaire de rentrée) dans lequel il indique les objectif du collège. Pour la première fois le ministère précise que le collège comme il doit préparer à l’examen (le brevet du collège) doit également préparer aux choix d’orientation. Mais l’intention reste au niveau de la formule. A la suite des manifestions de juin 1984 contre son projet visant à la création d’un grand service public de l’éducation, Alain Savary présente sa démission.

Les programmes du collège

En 1985, sous le ministère Chevènement, de nouveaux programmes pour le collège sont publiés en juillet : Collèges, Programmes et instructions, CNDP, arrêté du 10 juillet 1984, paru dans le supplément au B.O. n° 44 du 12 décembre 1985. En novembre 1985, une annexe est publiée ayant pour titre, Programme et instructions des classes de collège : l’orientation. On y retrouve la reprise du concept d’infusion de K. Hoyt. Toutes les matières sont concernées, mais … la rédaction de ce programme a été réalisée par un inspecteur de l’orientation du Bureau de l’orientation au ministère, totalement indépendamment des autres rédacteurs disciplinaires. Quelques académies mettent en place des groupes de travail, mais ces programmes ne seront pas réellement soutenus et donc peu appliqués. Bien peu d’inspecteurs de disciplines se hasardent à cela.

Le projet d’orientation e l’élève

La loi dite Loi Jospin est publiée en 1989. Pour La première fois, une loi s’attaque à l’ensemble du système éducatif et va jusqu’à légiférer sur la formation des enseignants en créant les premières bases des IUFM. Depuis plusieurs années les entreprises baignent dans la notion de projet. Depuis la création de l’EPLE, le projet rentre dans l’éducation nationale comme cadre de pensée et d’action. Le projet va rentrer également dans le champ de l’orientation avec le projet personnel de l’élève. Pour aider à son élaboration, un droit à l’information, au conseil et à l’orientation est institué également par cette loi. Son article 8 est ainsi rédigé :

« Le droit au conseil en orientation et à l’information sur les enseignements et les professions fait partie du droit à l’éducation.

L’élève élabore son projet d’orientation scolaire et professionnelle avec l’aide de l’établissement et de la communauté éducative, notamment des enseignants et des conseillers d’orientation, qui lui en facilite la réalisation tant en cours de scolarité qu’à l’issue de celle-ci.

La décision d’orientation est préparée par une observation continue de l’élève.

Le choix de l’orientation est de la responsabilité de la famille ou de l’élève quand celui-ci est majeur. Tout désaccord avec la proposition du conseil de classe fait l’objet d’un entretien préalable à la décision du chef d’établissement. Si cette dernière n’est pas conforme à la demande de l’élève ou de sa famille, elle est motivée.

La décision d’orientation peut faire l’objet d’une procédure d’appel. »

Il y aura des textes d’application pour ce qui concerne les procédures d’orientation, mais on cherche encore ceux concernant l’aide… et le « droit au conseil ».

Un temps scolaire

La loi de 1989 a institué un Conseil nationale des programmes. Pierre Clément a publié un article, Le Conseil national des programmes (1985-1994) : l’institutionnalisation chaotique d’une entreprise réformatrice (Politix 2012/2 (n° 98)), qu’il présente ainsi « … cet article analyse les luttes de territoire bureaucratique entre les trois institutions – le CNP, l’Inspection générale et la direction des lycées et collèges – alors en conflit pour le monopole du pouvoir pédagogique. Il montre comment la codification progressive d’un nouveau modus vivendi institutionnel permet l’amorce d’une réforme en profondeur des programmes du second degré, dont le socle commun de connaissances et de compétences constitue l’aboutissement. »  Donc ce CNP préconise en 1991 un temps scolaire pour l’information et l’orientation, TSO ou TSIO. Mais aucun texte précis d’application ne s’en suit.

Sur le terrain un exemple de ce que j’ai pu observer dans l’académie de Versailles. Globalement pour les enseignants, c’est une perte de temps « scolaire », et pour les conseillers d’orientation-psychologue, il y a un risque de disparition si les enseignants « font leur boulot ». Quelques chefs d’établissement mettent en place un TSO, la plus part du temps sans l’aide du COP. Lorsqu’un COP s’implique c’est le plus souvent dans une équipe enseignante autour d’une classe. Infusion et collaboration ne sont pas dans les meurs francais …

Donc, une circulaire de rentrée, une annexe rajoutée après coup à des programmes du Collège, une loi sans articles d’application et enfin les recommandations d’un Conseil national des programmes (créé contre l’Inspection générale), ont représenté les tentatives d’une introduction d’une éducation à l’orientation.

Dans le prochain article nous aborderons les approchent plus institutionnelles de mise en œuvre d’une éducation à l’orientation.

Bernard Desclaux

Lire la suite : http://blog.educpros.fr/bernard-desclaux/2015/05/20/apprendre-a-sorienter-dhier-a-aujourdhui-vii-ou-les-debuts-de-leducation-a-lorientation/

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