PAUVRETÉ : La pauvreté peut être définie comme relation d’assistance et comme « construction» sociale. Selon G.Simmel, 1908, « les pauvres, en tant que catégorie sociale, ne sont pas ceux qui souffrent de manques et de privations spécifiques, mais ceux qui reçoivent assistance ou devraient la recevoir selon les normes sociales. Par conséquent, la pauvreté ne peut, dans ce sens, être définie comme un état quantitatif en elle-même, mais seulement par rapport à la réaction sociale qui résulte d’une situation spécifique ».
Il existe différentes formes et degrés de la pauvreté qui couvrent tout le spectre social jusqu’à la misère et l’extrême détresse. Dans le monde, près d’un milliard d’enfants vivent en dessous du seuil de pauvreté et plus de 350 millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans sont contraints au travail (UNICEF,2005). En France, selon un rapport du Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERe,2004), un million d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté, deux millions selon les critères européens. 7,8 % des moins de 18 ans sont considérés comme pauvres. Ces enfants, qui vivent souvent dans un habitat dégradé, souffrent plus fréquemment de problèmes de santé et d’échec scolaire. 45 % des enfants pauvres sont en retard en sixième pour une moyenne générale de 25 % et de 12 % chez les enfants les plus favorisés. Même constat, mais aggravé, à l’entrée en
troisième : alors qu’un tiers des enfants sont en retard en moyenne, 56 % des enfants pauvres le sont contre 14 % des plus favorisés. 48 % des enfants pauvres sont orientés vers des filières techniques ou professionnelles courtes (apprentissage, CAP, BEP)contre 10 % des enfants issus de familles favorisées. À 17 ans, 4 % des jeunes ont arrêté leurs études. Ils sont 20 % parmi les enfants pauvres et 1% pour les enfants des familles les plus favorisées.
Le taux de pauvreté augmente en France. Selon l’INSEE, 2007, au cours de la dernière année connue, 2005, le taux de pauvreté s’est sensiblement aggravé passant de 11,7 % à 12, 1%. La hausse la plus significative depuis que le phénomène est connu statistiquement (260 000 personnes sont devenues pauvres). On estime que quatre millions de personnes vivent en France avec moins de 657 € par mois.
S. Paugam, 1996, distingue la pauvreté intégrée, la pauvreté marginale et la pauvreté disqualifiante. À chacune de ces formes correspondent à la fois des représentations et des expériences vécues spécifiques. « La culture de la pauvreté n’est pas seulement une adaptation à un ensemble de conditions objectives de la société dans son ensemble. Une fois qu’elle existe, elle a tendance à se perpétuer de génération en génération en raison de l’effet qu’elle a sur les enfants », Lewis, 1969. C’est pour cette raison que « l’action culturelle est primordiale. Elle permet de poser la question de l’exclusion humaine d’une manière plus radicale que ne le fait l’accès au droit au logement, au travail, aux ressources ou à la santé. On pourrait penser que l’accès à ces autres droits devient inéluctable, lorsque le droit à la culture est reconnu ». J.Wrésinski, 2004.
Les parents confrontés à la pauvreté, issus pour la plupart des classes populaires, n’ont pas de capital financier, scolaire ou culturel. En revanche, comme le fait observer A. Zehraoui, chercheur au CNRS, ils ont un capital auquel ils tiennent énormément, c’est le seul qui leur reste : la dignité. C’est celui qui confère un sens à leur vie, à leur identité.
~ Discrimination ; Exclusion sociale ; Expérience ; Identité ;
Précarité ; Sens (quête de … ) ; …
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