ÉCOUTE : Écouter n’est pas simplement entendre.
La parole appartient pour moitié à celui qui la prononce et pour moitié à celui qui l’entend, (Montaigne).
L’écoute requiert une « attention flottante », comme disent les psychanalystes, lors d’un « colloque singulier », G.Duhamel, 1935, celle d’une « rencontre singulière ». P. Ricoeur.
Dans la perspective d’une approche transversale fondée sur « l’écoute sensible en sciences humaines ». J.M. Barbier, 1996, traduit la question de l’écoute sensible comme écoute multiréférentielle : l’écoute sensible et multiréférentielle n’est pas un étiquetage social ; l’écoute sensible et multiréférentielle n’est pas la projection de nos angoisses ou de nos désirs. L’écoute sensible et multiréférentielle n’est pas fixée sur l’interprétation des faits ; l’écoute s’étaye sur la totalité complexe de la personne (les cinq sens) ; l’écoute sensible et multiréférentielle est, avant tout, une présence méditative ouverte sur l’inconnu. Et ce rapport à l’inconnu n’est-il pas, en dernière instance, le rapport à la mort et à la finitude dans l’épreuve de ce qui est le plus vivant : le désir ?
L’écoute sensible et multiréférentielle qui inclut les dimensions affective et « mytho-poétique» de la vie est importante en éducation et en formation. Elle devient essentielle en psychothérapie et dans certaines professions qui s’occupent des personnes aux prises avec des situations vitales (écouter un vivant à la fin de sa vie).
Dans la méthodologie des histoires de vie, l’écoute fait partie des objectifs de la formation. Les références généralement mises en avant sont les attitudes d’écoute définies par E.P. Porter : attitude de suggestion ; attitude estimative, de jugement ou d’évaluation ; attitude de soutien ou rassurante ; attitude d’exploration, d’investigation, d’enquête ; attitude interprétative ; attitude compréhensive.
L’écoute est une valeur, plus ou moins bien partagée, selon les individus (leur appartenance de sexe en particulier) et les groupes sociaux, mais l’écoute est également une technique qui peut s’apprendre (gestion des silences, dimensions non verbale et paraverbale, etc).
A. Lhotellier, 2001, montre que « écouter, c’est être capable de se mobiliser en profondeur ; c’est développer un état de veille, une vigilance, une attention bienveillante. C’est donc ouvrir le champ de l’attention. C’est découvrir aussi le code utilisé par la personne dans sa manière de nommer le réel et l’évaluer. Écouter, cela suppose que l’autre puisse s’exprimer librement, sans avoir le sentiment que c’est dangereux, impudique, inconvenant, culpabilisant. Cela suppose que l’on soit attentif à la qualité de la relation ».
I-C, Kaufmann, 1997, en proposant « l’écoute graduelle », montre qu’une compétence qui est à la base de la relation de service par exemple, (la capacité d’écoute permet de comprendre les attentes du client et de prévenir ses insatisfactions), peut être instrumentée pour l’action, avec une progression par étapes, et transmise le cas échéant dans le cadre de la formation, au même titre que d’autres savoirs procéduraux.
La qualité d’écoute est une compétence essentielle du coach, P. Angel et P. Amar, 2005. Elle est à la fois une-posture philosophique et une technique [« empathique », « flottante ». etc.). Dans la perspective de C. Rogers, il s’agit d’accepter l’autre tel qu’il est, comme un sujet en développement, non pas figé mais en devenir.
– Coaching ; Corps ; Épreuve ; Empathie ; Entretien ; Non-directivité
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