avec l’aimable autorisation de Touteduc
Education & Devenir a consacré son dernier colloque au « pouvoir d’agir », et certains ont évoqué le concept angl-saxon d’empowerment. Nous avons demandé à la présidente de cette association qui prend une place de plus en plus importante dans le débat public, les raisons de ce choix
Marie-Claude Cortial : Nous sommes fermement persuadés que l’initiative est au local. C’est ce qui nous porte depuis 30 ans. Maurice Vergnaud (directeur des collèges quand Alain Savary était ministre de l’Education nationale, ndlr) disait que c’était la volonté collective dans l’établissement qui favorisait la réussite. Il faut bien sûr qu’il y ait aussi une volonté politique nationale forte pour pousser à l’égalité et à la réussite de tous nos élèves.
ToutEduc : Le concept d’empowerment, qui a été souvent évoqué, est-il pertinent ?
Marie-Claude Cortial : Le concept d’empowerment ou de pouvoir d’agir est un concept opérant dans les établissements scolaires, mais qui suppose de modifier les représentations de façon à merer une réflexion commune de la part des différents acteurs d’un établissement scolaire ou d’une école, et une évaluation commune de l’action réalisée. C’est une autre manière de concevoir le pilotage, le leadership.
ToutEduc : Mais comment modifier les représentations ?
Marie-Claude Cortial : Les représentations qui bloquent, si on les attaque de manière frontale, on court à l’échec. Donc il faut montrer aux acteurs de terrain que par les changements, ils sont dans le pouvoir d’agir ; ils le découvrent de manière un petit peu oblique, dans la réflexion commune. Nous avons d’ailleurs, à ce sujet, beaucoup à apprendre des associations, comme ATD Quart monde qui est un de nos partenaires privilégiés. Nous devons aussi nous méfier du « phénomène du poulailler », on fait du bruit, les poules courent dans tous les sens, et elles reprennent les mêmes places dès que le calme est revenu. Nous devons aussi éviter « la culture du mimosa », qui fleurit et défleurit très vite. L’empowerment ou pouvoir d’agir, c’est construire une mémoire collective de manière à ce que la vie dans un établissement scolaire ou dans une école continue même lorsqu’il y a un changement de personnels.
Finalement, ce qui fera que les enseignants donneront d’eux-mêmes, travailleront avec tout le monde, ce n’est pas l’impact financier qui va les faire bouger – toutes les études le montrent -, mais c’est la reconnaissance du travail accompli, du travail fait ensemble, et cette reconnaissance, elle manque un petit peu dans notre système éducatif.
ToutEduc : Quel sera le thème du prochain colloque ?
Marie-Claude Cortial : Il sera plus directement pédagogique, puisque nous sommes dans une période de grands mouvements, avec la mise en place du nouveau socle commun et la réforme des collèges. Il tournera autour de l’idée de curriculum. Nous pensons que le parcours de l’enfant se fait à l’École et hors de l’École, et nous sommes très favorables à la réforme des rythmes scolaires, nous sommes très engagés dans le travail de mise en place sur le terrain. Nous sommes persuadés que le socle commun est le cahier des charges préalable à l’écriture des programmes. Nous sommes très heureux à l’idée qu’il y aura des programmes de cycle et non plus des programmes annuels. Nous espérons que tout cela se fera avec l’adhésion des enseignants et des parents, ce qui nécessite l’accompagnement des équipes sur le terrain, un autre manque dans notre système éducatif. Mais pour l’instant nous sommes en train de constituer le conseil scientifique, je peux donc difficilement en dire plus. Je ne peux pas non plus vous donner la date et le lieu. Ce sera probablement dans le Nord de la France, ou en région parisienne, au mois de mars 2016.
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