PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

[Nos valeurs de liberté, égalité et fraternité] ont été revues, négligées. N’est-ce pas le cas de la fraternité, « grande oubliée de la République », que Victor Hugo célébrait pourtant comme « la troisième marche du perron suprême » ; voulant dire par là que c’est elle la plus exigeante et la plus difficile à mettre en œuvre. C’est elle qui donne tout son sens et sa créativité à la liberté et à l’égalité.

Or la République est tout sauf fraternelle, dès lors qu’elle consent, sans état d’âme, à précipiter dans l’exclusion sociale des millions de personnes dans la pauvreté et la grande pauvreté, dépourvues des mêmes droits et de la même considération de dignité que les autres. […] Dans ces conditions, le mot Fraternité est devenu soit un terme de creuse rhétorique politique, soit un « bon sentiment » qu’on confond allègrement d’ailleurs avec la solidarité qui n’est pas du même registre. Or la société et l’école ne peuvent pas se contenter d’énoncer des valeurs et des principes sans les faire vivre au quotidien […] Une société où la liberté de pensée, d’expression et de vie de chacun serait au service de tous les êtres humains, considérés chacun au titre de leur qualité d’êtres humains comme des frères en humanité : ce serait la vraie égalité. Par contraste, on voit bien dans les circonstances tragiques que nous vivons, que des réponses quasi exclusivement d’ordre sécuritaire, qui témoignent avant tout de la méfiance, du ressentiment, de l’esprit de vengeance et de guerre, ne feront qu’aggraver les situations et annoncent d’autres lendemains douloureux.

Martin Luther King l’avait dit avec beaucoup de lucidité avant d’être assassiné par la haine raciale : « Ou bien nous apprendrons à vivre ensemble tous comme des frères, ou bien nous périrons tous comme des idiots. » Interrogeons-nous sur la grande part de responsabilité collective que nous avons à ne pas apprendre […] les gestes, les paroles, les attitudes dans toutes les sphères de notre vie où nous pourrions suivre une voie d’humanisation. » (Extraits de la tribune « Le temps de la réflexion », de Bruno Mattéi, professeur de philosophie honoraire et membre d’ATD Quart Monde, dans la Croix du Nord du 30 janvier 2015)

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Categories: Laïcité