VILLE: La ville est un lieu de citoyenneté. Athènes avait fondé la démocratie et Rome la république. La ville est le cadre de vie de 80 % des Européens. La ville est division du travail et des fonctions; elle crée des individus différents mais complémentaires: artisan, commerçant, notaire, avocat, militaire, ouvrier, enseignant, artiste, religieux, etc. Laville est tout cela ou n’est pas. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, en 2007, la population urbaine dépasse la population rurale. D’ici une génération, 60 % des terriens seront urbains, pour leur grande majorité dans les pays en voie de développement.
À l’échelle de la planète, la majorité des habitants sont des bidonvillois (à ne pas confondre avec la non-ville). Toute ville comporte une dimension imaginaire. R. Brunet, 2004, note que la ville a, dans beaucoup de religions et de représentations du monde, six portes et une septième symbolique et centrale … pour aller au ciel. Habiter, au sens d’Heidegger, c’est être présent au monde et à autrui. Le monde que chacun se construit pour s’orienter, comprend une part de réel indissolublement liée à une part d’imaginaire. La dynamique de la ville favorisait autrefois une agrégation de populations diverses dans un même espace, on assiste aujourd’hui à une ville à trois vitesses: l’embourgeoisement des centres-villes prestigieux avec un phénomène de ( gentrification" ( entre soi sélectif" des Bobos: bourgeois bohèmes); le départ des classes moyennes vers un espace périurbain moins coûteux et protégé; la relégation des cités d’habitat social, J. Donzelot, 2004.
La gentrification, la périurbanisation et la relégation sont les trois composantes d’un phénomène de ségrégation social.e dont le processus Francis Danvers dépend du degré de différenciation sociale au sein de la société urbaine locale (mixité sociale). Penser la ville (80 % de la population française est désormais urbaine) est un enjeu majeur pour le XXI’ siècle parce que la ville est devenue la valeur suprême. Il persiste pourtant une difficulté majeure à identifier l’urbanité. Le concept politique de la ville a une quarantaine d’années tout au plus. Il naît avec l’apparition de problèmes liés à la concentration de population et à ses conséquences (violences, pollution, gestion de l’eau, etc.), conduisant à des traitements spécifiques sous l’impulsion d’une ( politique de la ville".
Comment réaliser l’Égalité des possibles? Pour l’économiste E.Maurin, 2004, auteur du Ghetto français notre société est marquée par un séparatisme social généralisé, bien au-delà des quartiers difficiles, ce sont par exemple: ( l’usage consumériste des établissements privés par les parents, la pression pour les classes de niveau, l’orientation sélective, etc. toutes ces réalités qui minent l’école et le collège de l’intérieur ne pourront être désamorcées si l’enseignement supérieur reste une institution aussi cloisonnée où chaque inflexion de trajectoire est aussi un irréversible déclassement social ". Pour M. de Certeau, 1994, le quartier (se résume à la somme des trajectoires inaugurées à partir du lieu d’habitat. Il est moins une surface urbaine transparente pour tous ou statistiquement mesurable que la possibilité offerte à chacun d’inscrire dans la ville une multitude de trajectoires dont le noyau reste en permanence la sphère du privé".
Le Conseil National des Villes (CNV) a engagé un débat sur l’éducation en juin 2003: (Quelle école voulons-nous?" 36 propositions ont été faites pour lancer des pistes de réflexion sur les politiques éducatives locales. Il ressort qu’au ( cours des vingt-cinq dernières années, un important dispositif s’est progressivement mis en place pour permettre au plus grand nombre de bénéficier de possibilités de formation continue et professionnelle (reconnaissance de ce (droit", financement par les employeurs et les Assedic, multiplication et diversification des offres de formation). Bien qu’encore imparfait, inégalitaire et trop complexe, ce dispositif place les apports de l’école, en charge de la formation initiale, dans une autre perspective et pose autrement le problème de l’orientation professionnelle.
Pour F.Ascher, 2004, ville et société sont en corrélation étroite à travers les composantes de la modernisation: l’individualisation, la rationalisation et la différenciation sociale (d’où une autonomie croissante vis-à-vis des contraintes spatiales et temporelles", En encourageant la mobilité et la flexibilité, les possibilités de choix des individus au sein des agglomérations urbaines sont plus ouvertes et rendent possibles de nouveaux types de services adaptés à une grande variété de situations.